Un groupe armé composé de plus d'une vingtaine d'éléments a dressé, mercredi soir, un faux barrage sur la route reliant Tizi Ouzou à Boghni. Trois militaires ont été froidement assassinés à l'arme blanche tandis qu'un simple citoyen qui tentait de prendre la fuite a été tué par balle. Ce dernier était encore hier en cours d'identification, a-t-on appris de l'officier de permanence à la sûreté de wilaya de Tizi Ouzou. Les trois militaires - un était en permission et les deux autres venaient de finir leur service national - ont été repérés par les terroristes qui avaient effectué une fouille minutieuse de l'ensemble des automobilistes et des passagers tombés dans le guet-apens. Selon des témoignages, le faux-barrage a duré plus de deux heures, entre 19 et 21 h. Il a eu lieu sur le chemin de wilaya n°128, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou et à 3 km d'un barrage militaire fixe disposé sur la RN 25 menant à Draâ El Mizan. Des dizaines de véhicules avaient été immobilisés jusqu'à la fin de l'opération terroriste et la fuite du groupe armé. Des témoignages de citoyens rapportent qu'une vingtaine de terroristes munis d'armes de guerre et portant pour la plupart des tenues des services de sécurité avaient pris possession de la route, alors que de nombreux autres étaient embusqués en amont, à la lisière de la forêt. Dès l'interception d'un véhicule, les terroristes commençaient par « confisquer » les téléphones portables, pour empêcher toute communication, avant de procéder à la fouille corporelle et au contrôle des documents. Les membres du gang retiraient systématiquement l'argent trouvé sur les citoyens qui étaient également soumis à un interrogatoire sur leurs provenance et destination, à la manière des services de sécurité. Le groupe armé n'a pas livré le prêche traditionnel, les seuls indices renseignant sur son obédience islamiste étaient la barbe arborée par quelques éléments et les tenues afghanes portées par les groupes embusqués à quelques mètres de la route. Par ailleurs, deux chauffeurs de camion ont été contraints à décharger eux-mêmes les caisses de boissons alcoolisées qu'ils transportaient et à les précipiter dans le ravin. Les livreurs de bière et de vin se sont exécutés sans rechigner, contents de s'en sortir à si bon compte. Le déchargement de l'alcool ne s'est pas accompagné de sermon, les terroristes ayant suivi leur mode opératoire habituel consistant à s'en prendre uniquement aux membres des services de sécurité. Le groupe armé a levé son siège à la tombée de la nuit et a pris la fuite en se volatilisant dans le maquis de Boumehni. Ce massif forestier connu pour être un repaire du GSPC donne accès à d'autres fiefs terroristes dans les localités de Draâ El Mizan puis de Lakhdaria. A noter que, ces derniers jours, le massif de Sidi Ali Bounab a été soumis à un pilonnage intense des unités de l'ANP. Le groupe armé qui a opéré le faux barrage de mercredi soir se serait échappé de l'opération militaire et a perpétré dans la même zone une action meurtrière pour marquer sa présence.