Ni l'absence des autorités locales, excepté le directeur de la culture, ni le nombre dérisoire du public n'ont fait abdiquer le tenace maestro Meliani Houfani, professeur de musique à l'Institut national de formation musicale (INEFM) de Batur, qui, à la manière d'un artiste, a ouvert, à la salle de la maison de la culture, les festivités de la Fête de l'indépendance, devant un public réduit, appréciant la belle musique. Houfani, face à la vingtaine de musiciens, tous issus de l'INEFM entama l'hymne national, joué avec maestria et qui n'a rien à envier à la troupe de la Garde républicaine, assisté par les jeunes scouts du groupe El Ihbal constituant la chorale. Avec revérence et magnanime, Houfani proposa aux auditeurs sa nouvelle composition, La Marche algérienne aux relents patriotiques. Des applaudissements nourris fusent de la salle, plongée dans un silence quasi religieux. Tout de suite après, Houfani invita son orchestre à la reprise du tube de Saliha Seghira Thawrat el ahrar, pour ensuite interpréter Min ajlika ya watani du célèbre compositeur algérien Chérif Kortebi. Sur insistance des ados présents, l'orchestre interpréta des morceaux de la musique locale, le chaoui des « news boys ». A la clôture de ce miniconcert, le public s'intéressa de près au maestro. Ce dernier l'informera que son orchestre a vu le jour en 1987, à l'ouverture de l'école de musique de Batur. Diplômé d'un grand institut de l'ex-URSS, Houfani entama sa carrière en qualité de professeur et s'empressa de constituer un orchestre pour l'établissement. Une relève continue jusqu'à 1998 où une élite savoureuse de musique universelle lui proposa la création d'une association présidée par un médecin. A la reprise du festival international de Timgad en 1997, la wilaya fit appel à Houfani pour l'ouverture des festivités. « Nous sommes capables d'interpréter tous les genres », déclare le maestro auressien, ajoutant que « la variété d'instruments dont jouent les 50 musiciens permet l'interprétation de toutes les musiques mondiales ». Houfani s'enorgueillit : « Nous sommes le 2e orchestre en Algérie. » « L'orchestre d'Alger fait appel à nos musiciens pour 15 000 DA le concert /musicien », révélera Houfani qui se plaint du manque de moyens financiers, dont dispose son association. Il est dans l'attente de promesses de l'APW Batur. Houfani informera que son orchestre a été l'invité de la mairie de Brive la Goullarde, en Corèze, la région du président Chirac. Il est également l'invité habituel du Colloque Houari Boumediène. Enfin, il est prévu que l'orchestre auressien procède à l'ouverture du festival de la corniche jijelienne le 14 juillet. Cependant, Batur avec ses 400 000 habitants dispose de formidables structures culturelles, dont l'université avec ses 40 000 étudiants. Malheureusement, l'environnement général (manque de transport et d'information...) n'encourage pas le citoyen à veiller dans la ville. Une exception : un couple (le père Sidi-Ali est ingénieur et la mère avocate) rencontré à ce concert cherche par tous les moyens un quelconque divertissement, telle cette veillée du 4 juillet. Nous avons été surpris d'apprendre que l'Orchestre philharmonique auressien compte parmi sa composante la progéniture de ce couple. Sara 20 ans (violoniste), Liès 16 ans (guitariste), Selma 13 ans (flûtiste) et Sofiane 13 ans (pianiste).