Rituel Depuis près de trois ans, le public algérois redécouvre la musique classique universelle ; il est fidèle à son rendez-vous mensuel : un récital de musique classique. Depuis quelques années, les mélomanes ont l?immense bonheur d?accéder à la culture musicale classique, et ce, grâce à deux orchestres, à savoir l?Orchestre symphonique national sous la baguette de Rachid Saouli, et l?Orchestre philharmonique d?Alger, placé sous la direction du maestro Amine Kouider. Ces deux ensembles musicaux organisent, chaque fin de mois, le premier à la salle Ibn-Khaldoun ou à la salle el-Mougar, et le second au Palais de la culture, des récitals de musique universelle, créant ainsi un environnement culturel dans lequel la musique, souveraine, s?exprime dans ses plus belles notes, au travers d?instruments remarquables et prestigieux, combinant avec élégance les sons, de manière à produire un effet sensoriel esthétique et agréable. Les prestations de ces deux orchestres s?inscrivent dans une politique artistique visant à développer la diffusion et la pratique de la musique classique en Algérie, car ce genre musical, noble et distingué, a été longtemps taxé d?élitisme et négligé ; il a été relégué, en conséquence, au dernier rang, au profit du patrimoine folklorique national. L?existence de deux orchestres crée l?émulation. Il existe, en effet, entre ces deux formations musicales une rivalité. Chacune cherchant à offrir au public la meilleure prestation musicale. Il se trouve que l?Orchestre philharmonique d?Alger, créé en 2001, est plus apprécié par les mélomanes. La raison de cet engouement se traduit dans la manière avec laquelle Amine Kouider approche la musique universelle. Les concerts de l?Orchestre philharmonique d?Alger drainent un public nombreux auquel Amine Kouider offre une écoute musicale sensible, de bonne facture, une prestation témoignant d?un travail sérieux et rigoureux. Et au travers du jeu des musiciens, un jeu précis et de qualité, intelligent et pointilleux, on peut déceler une réelle volonté, concrète et dynamique, de hisser et de rehausser l?activité musicale classique en Algérie, de l?ancrer dans les mentalités, de l?inscrire dans ses habitudes culturelles. Par son riche travail, le maestro a su ? et pu ? inculquer à son public une tradition : être nombreux chaque mois au rendez-vous musical. Effectivement, on ne rate pas l?événement. Il y en a même qui, seulement par curiosité, viennent écouter du Mozart ou du Schumann ou bien d?autres compositions musicales, et qui, à la fin du récital, sortent éblouis, émus, s?enquérant du prochain rendez-vous musical du maestro. La manière dont Amine Kouider dirige son orchestre est unique et personnelle, elle révèle une technicité pointue, un geste sobre, mais juste et expressif. Avec une dextérité remarquable, il matérialise le son, fait parvenir la note à l?ouïe avec légèreté, finesse, aisance et beauté, engendrant ainsi une sensibilité musicale profonde et esthétique. Il y a, en effet, une recherche de l?esthétique qui, constante, se fait au travers du jeu musical, sublime et élevé. Amine Kouider est pour les mélomanes, connaisseurs ou néophytes, un maestro, ayant le sens exact de diriger ingénieusement et dans une parfaite harmonie un ensemble de musiciens, répondant tous aux exigences qu?impose le «chef» pour que celui-ci puisse mener un travail consciencieux, réfléchi, sage et parfait.