Cinquante-sept personnes, dont 9 mineurs placés au centre de rééducation de Debdaba, ont été incarcérées samedi en attendant leur prochaine comparution devant le tribunal de Béchar, suite aux violentes émeutes survenues à Béchar Djedid dans la soirée de mercredi. Les émeutiers sont accusés de destruction de biens publics ayant pour origine les coupures répétées et prolongées de l'électricité domestique. Dans la localité de Béchar Djedid, lieu de l'effervescence alors que l'on croyait que la situation se dirigeait vers l'apaisement, la tension est montée d'un cran. Dès l'annonce de l'incarcération de 57 jeunes par le tribunal et tard dans la soirée de samedi, les émeutes ont repris avec le scénario classique : routes barrées, pneus brûlés, jets de pierres en direction des forces de l'ordre contre bombes lacrymogènes suffocantes en cette période de grandes chaleurs. Onze arrestations dont celle d'un mineur ont été opérées à la suite de ces échauffourées, samedi. Des renforts des services de sécurité sont arrivés des wilayas du Nord. La cité donnait l'allure d'une ville assiégée. Les services de sécurité - CNS, gendarmes, policiers - sont mobilisés et présents dans les points névralgiques et encerclent les principales places publiques et édifices administratifs. Dans la matinée de samedi, les représentants des associations locales et comités de quartier de la localité de Béchar Djedid se sont regroupés dans le bureau du P/APW pour demander, à travers la lecture d'une déclaration commune, l'intervention des autorités locales pour l'élargissement des jeunes détenus et l'ouverture d'un dialogue visant à apaiser la situation tendue et examiner l'ensemble des problèmes qui agitent la banlieue de Béchar Djedid. Ils ont exigé la libération de jeunes émeutiers dont la plupart, selon eux, ont été ramassés sans discernement. Un membre d'une association n'y est pas allé avec le dos de la cuillère et a mis en cause plusieurs responsables locaux à différents niveaux dans le pourrissement de la situation. Il les a accusés de « vivre dans le luxe et de s'occuper de leurs affaires » sans se soucier de l'intérêt de la population locale vivant une situation sociale précaire. Il ajoutera : « Les insupportables coupures d'électricité dans les foyers en cette période caniculaire (46°C à l'ombre) ne sont que la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Car le problème fondamental réside essentiellement dans l'abandon de la banlieue qui compte 45 000 âmes. » Pour étayer son argumentaire, il égrènera un chapelet de griefs citant pêle-mêle le réseau d'assainissement défectueux, le régime restrictif de distribution de l'eau potable, les rues impraticables à la circulation car non bitumées, un stade de football ne disposant pas d'éclairage la nuit pour permettre aux jeunes de pratiquer le sport, le manque de distractions, etc. Beaucoup estiment ici que le degré de pourrissement est atteint à partir du moment que le simulacre de dialogue a remplacé le véritable dialogue rompu avec la population locale. Car les représentants des associations de la localité de Béchar Djedid ont pointé un doigt accusateur contre le premier responsable de l'exécutif de wilaya qui, selon eux, n'a jamais pris contact avec la société civile pour s'enquérir des problèmes sociaux auxquels les jeunes sont confrontés. Et son absence prolongée de la wilaya, diront-ils, en est une preuve, alors que la cité bout.