La ville d'Alger est confrontée à un inquiétant problème d'hygiène : l'inexistence des toilettes dans les lieux publics fait qu'une puanteur envahisse les endroits publics. Les escaliers étroits, les impasses mal fermées, les rues peu fréquentées, les coins des bâtisses et les recoins des stations de transport urbain ainsi que les dessous des ponts sont devenus des lieux d'aisance. Pis encore, derrière une boutique, un arbre ou une voiture à l'arrêt..., tous ces coins dégagent des odeurs pestilentielles à vous couper le souffle. D'importantes places publiques et plusieurs stations de transport urbain ne sont pas dotées de toilettes. Celles qui existent sont souvent situées dans des endroits peu fréquentés. Il faut les chercher dans les quelques sous-sols que compte la ville ou dans les mosquées. La station de transport urbain de la place des Martyrs - rebaptisée place du 8 Mai 1945 - est un point névralgique à la circulation routière. C'est là que convergent plusieurs dessertes. Cette importante gare n'est pas dotée de toilettes. Les milliers de voyageurs qui y transitent quotidiennement sont tenus en « écueil ». Lors de notre passage, un homme âgé s'est mis à se soulager sur le mur du Trésor public, un coin découvert. Les seules toilettes qui existent dans les environs sont celles des deux marchés de l'habillement, nouvellement aménagés du côté de la mosquée Ali Betchine. Même constat au centre-ville, Tafourah. Les toilettes, qui existaient au niveau de la station Bézier, ont été fermées pour les besoins d'une ouverture de la gare sur l'avenue Nehru, permettant un tant soi peu de désengorger la station. Désormais, c'est le petit jardin, constitué de quelques palmiers et aménagé dans un coin de cette gare routière, qui fait office d'urinoir. Les gens ne ressentent aucune gène à se soulager en « plein public ». D'autres solutions ? Dans le même registre, la station de transport des étudiants, située à côté de la gare Bézier, est dans un état semblable, sauf que dans cette dernière, il n'y a aucun coin caché. Les étudiants et les agents de cette station devront, le cas échéant, faire preuve d'imagination ou prendre leur « mal en patience ». Non loin de là, se trouve la toute nouvelle station de transport urbain baptisée 2 Mai. Le même constat est de mise : aucune trace de vespasiennes. Celles qui existent sont cachées du côté de l'ancienne gare, donc il faut les chercher d'autant plus qu'aucune plaque n'indique leur emplacement. A la station de transport urbain de Ben Aknoun, les toilettes ont disparu. Plusieurs « abribus » font actuellement office d'urinoir. La puanteur qui s'en dégage agresse les usagers. C'est aussi l'état dans lequel se trouve la grande station de transport urbain de Chevalley, où c'est le petit jardin qui remplace les vespasiennes. Les deux gares de la place du 1er Mai connaissent les mêmes négligences. Les recoins des stations El Mokrani et Aïssat Idir sont complètement infestés par l'urine... A croire que les architectes de ces importants projets d'utilité publique ne pensent même pas à ce « détail » dans leurs différentes conceptions. A quelques exceptions près, toutes les stations de transport urbain sont placées dans la même enseigne. Ce sont les voyageurs qui payent les frais de cet situation, surtout avec la saison estivale où l'influence des estivants sur la capitale est grande. L'existence des toilettes au sous-sol de la Grande-Poste n'a pas empêché les issues des lieux - celles notamment donnant sur le jardin du coin - de dégager une odeur nauséabonde. Les différents lieux d'aisance du Carroubier et de la Gare routière n'a pas dissuadé la gent masculine de se soulager dans la nature, non loin des deux stations. La disponibilité de vespasiennes au Tunnel des facultés n'a pas empêché les gens de se soulager dans les escaliers. La simple disponibilité de ces établissements ne règle pas, semble-t-il, le problème d'absence d'hygiène. Il y aurait donc un problème au niveau de la « prestation » de ces établissements. Le prix du ticket d'entrée aux toilettes étant fixé à 10 DA « à payer d'avance ». Ce prix serait-il jugé excessif par les usagers ? Cette question et bien d'autres appellent des réponses pour remédier à cette dégradation continue du cadre de vie des Algérois. A signaler que la wilaya d'Alger a annoncé, lors du premier Salon du mobilier urbain tenu dernièrement à la Safex, un projet portant amélioration du cadre de vie de la capitale. Ce projet prévoit la mise en place de 50 vespasiennes.