Les ruelles ainsi que les cages d'escalier des immeubles portent les traces d'urine et d'excréments. Le comble dans ce phénomène réside dans la rareté, voire l'inexistence de toilettes publiques. Au passage souterrain de la place Audin, endroit très fréquenté pour ses innombrables échoppes, les latrines publiques sont fermées pour travaux. Dans ce souterrain commercial, une cafétéria tourne à plein régime. A la question de savoir si des W. -C. sont aménagés dans ce local, le gérant nous répond : « Non, les clients utilisaient les vespasiennes du tunnel avant leur fermeture. » Au marché Réda Houhou, (ex-Clausel), du côté des boutiques du prêt-à-porter, des toilettes publiques gérées par l'APC de Sidi M'hamed sont aménagées (10 DA le ticket). Toutefois, un masque à oxygène et une sacrée dose de courage sont indispensables pour y mettre les pieds : des odeurs d'ammoniac vous tiennent à la gorge, vous pataugez dans l'eau et votre intimité risque d'y prendre un coup à cause des portes à moitié cassées. Au tunnel souterrain de la Grande-Poste, notre regard est attiré par une enseigne : « Toilette public 10 DA. » Deux entrées y sont aménagées, une pour les femmes, l'autre pour les hommes. « Nous louons cet espace à la commune d'Alger-Centre », nous lance le gérant. « Je viens de tout retaper à neuf, mais les clients sont sales ! Ils ne jettent jamais d'eau après leur passage et laissent un tas de cochonneries sur les lieux », ajoute-t-il, l'air dépité. Toujours à la recherche d'autres vespasiennes, nous traverserons cette fois-ci le tunnel des facultés. Et là, une agréable surprise nous attend : des toilettes pour hommes, propres, avec eau courante, savonnettes, lavabo, miroirs, poubelles, etc. (20 DA le ticket). Zoubir, chargé de la gérance de ces latrines publiques nous informe que ces vespasiennes sont gérées par l'EMCU, établissement public à caractère commercial dépendant de la wilaya d'Alger (mobilier et confort urbain au service de la ville). Une entrée pour les femmes a été aménagée de l'autre côté, à la rue Didouche Mourad, à deux pas de l'université d'Alger. Là aussi, l'hygiène est de mise. Djamila, employée par l'EMCU, veille au grain : « J'arrive à 7h30 le matin. Je nettoie tout avant d'ouvrir les portes à 9h. » Le ticket est à 15 DA pour les étudiantes qui sont très nombreuses à s'y rendre. « Les W.-C. de la fac sont impraticables tellement ils sont dégueulasses », nous confie un groupe d'entre elles en ajoutant : « Ici au moins, il y a de l'eau et du savon. En plus, ça sent l'eau de Javel et le Sanibon ! » Seul bémol, ces toilettes publiques ne sont pas ouvertes de manière continue. Au-delà de 17h, les portes sont fermées. Pis, ces vespasiennes prennent congé le vendredi. Comment fait un touriste qui visite notre capitale s'il est soudainement pris d'un besoin urgent ? Des latrines publiques sont quasiment introuvables. Même celles qui existaient dans les années 1970 ont été fermées ou transformées en commerces, exemple, l'urinoir à l'entame de la rue Richelieu (perpendiculaire à la rue Didouche Mourad) devenu… un bureau de tabac. Il est urgent pour une ville aussi importante qu'Alger et qui plus est organise cette année la manifestation « Alger, capitale du monde arabe » de remédier à ce problème épineux dont souffre la quasi-majorité des citoyens.