Les algériens de l'Ouest commencent à tirer la langue comme des morts de soif. Pas seulement à cause de la chaleur de juillet mais de la sécheresse qui y sévit encore cette année. Derrière un « chrono » sans appel, il faut aussi savoir traduire la sécheresse des chiffres, commentés lors de la session ordinaire de l'APW d'Oran, hier : en entamant l'été avec des besoins en eau immenses, presque démesurés, 420 000 m3 par jour en été, seuls 140 000 m3 sont disponibles dans les réservoirs. Et encore, ce ne sont que 65 000 m3 d'eau qui arrivent finalement dans les foyers oranais. Premier résultat : Si les foyers, dans certains quartiers chanceux, reçoivent de l'eau tous les jours, dans d'autres en périphérie, l'eau n'arrive qu'un jour sur 4, voire une fois par semaine. Deuxième résultat : l'oranais qui ne recevait, en hiver, que 67 litres d'eau par jour, en moyenne dans le meilleur des cas, s'arme de ses jerricans pour courir derrière les camions citernes qui sillonnent la ville. Pour les oranais qui ont appris à démythifier ce manque d'eau, l'APW a consacré une soixantaine de camions citernes, appelée à venir au secours de la population dans les quartiers reculés de la ville. Mais ce n'est, évidement là, qu'une solution « d'urgence » appelée à palier à cette sécheresse. Pendant que les cultures sont déshydratées et brûlent sous le soleil, la situation hydrologique de l'Ouest n'est guerre bonne. L'avarice pluviométrique y est encore, cet été, au rendez vous. Une situation connue depuis maintenant 40 ans. Situation de crise Quarante ans durant lesquelles la gestion de la situation n'est toujours pas facile à réaliser. L'enchaînement des projets de construction de barrages s'avère impuissant face à l'avarice en pluie. Il faut donc construire des stations de dessalement d'eau de mer. Et vite. Pour soutenir la station de Brédéah, déjà en difficulté, trois stations sont promises à ouverture prochainement : la première à Arzew (apport de 30 000 m3 en fin août), la seconde est à Bousfer (fin juillet) et la troisième à Cap Blanc (début 2006). Il faut donc dessaler l'eau de mer car le niveau des barrages de la région est souvent très bas. D'un état relevé début juin dernier, l'on témoigne : Sur une capacité de 878 hm3, seuls 108 hm3 enregistrés sur l'ensemble des barrages, alimentent Oran. Le niveau des barrages à l'image du Beni Bahdel et de Sidi Abdeli, reste inquiétant. Ces réserves sont dans le meilleur des cas, à 30% de leur capacité. Conséquence : Sur 569 m3 de capacité par jour, seul 140 000 m 3 d'eau sont transférées vers la capitale de l'Ouest. D'autres perspectives sont encore prévues : Il s'agit du transfert, en octobre prochain, de 2000m3 d'eau de dessalement à Aïn Et Turk et le complément d'Arzew, en novembre, qui permettra un apport de 56 000 m3 par jour. Mais le plus grand espoir des oranais, reste sans doute, le lancement du MAO (transfert des eaux vers Oran Arzew et Mostaganem) qui permettra un apport dès 2008, de 150 000 m3 par jour.