La situation alimentaire dans le monde ne s'améliore pas, a affirmé le rapporteur de l'ONU pour le droit à l'alimentation, Olivier de Schutter. Le cap du milliard d'êtres humains ne mangeant pas à leur faim a été dépassé, un record, a-t-il dit. "Les choses ne vont pas bien. Nous avons passé le cap du milliard d'habitants de la planète insuffisamment nourris et les prix alimentaires restent à un niveau élevé", a déclaré l'expert de l'ONU lors de la présentation de son rapport devant le Conseil des droits de l'homme. La crise alimentaire n'est pas surmontée: dans 80 % de 52 pays en développement, le niveau des prix à la consommation est resté cette année plus élevé qu'en 2008 et, en avril, il était de 40 % plus élevé qu'en janvier 2009. Les flux d'investissements étrangers dans les pays en développement ont diminué, de même que le rapatriement des fonds des immigrés et les revenus des exportations. Le rapporteur de l'ONU a appelé les pays du G20 qui se réunissent la semaine prochaine à Pittsburgh à remplir leur engagement d'investir 20 milliards de dollars supplémentaires dans l'agriculture. La question de savoir comment cet argent sera investi n'est toutefois pas claire, a indiqué Olivier de Schutter. Pour sa part, la directrice exécutive du PAM a avertit que la crise alimentaire s'aggravera au Kenya plus particulièrement. Aussi, faute de financements, le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) sera contraint de réduire ses rations mensuelles destinées à des millions de kenyans sous-alimentés et en besoin urgent d'aide alimentaire suite à la sécheresse et des prix de denrées élevés - une conjoncture mortelle. La sécheresse qui sévit dans le pays a laissé les champs vides. Les carcasses de bétail gisent au sol dans les régions les plus affectées. Les taux de malnutrition dépassent désormais les taux d'urgence. Les prix des aliments de base - 100% au-dessus des prix normaux - sont inabordables pour les personnes sous-alimentées qui tentent de nourrir leurs familles. Le PAM n'a reçu que 8% (soit 24 millions de dollars) des 301 millions de dollars nécessaires pour venir en aide à 3,8 millions de personnes au cours des six prochains mois. Par ailleurs, la crise alimentaire qui sévit au Guatemala en raison de la plus forte sécheresse de ces trente dernières années pourrait s'aggraver si la deuxième récolte de l'année venait à être détruite, a averti vendredi le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA). La sécheresse prolongée a détruit une grande partie de la première récolte de l'année et, si la situation actuelle se prolonge, "la deuxième récolte sera également touchée" aggravant la crise, s'inquiète l'OCHA. Près d'un demi-millier de personnes sont mortes de faim depuis le début de l'année, selon des chiffres officiels. La majorité d'entre elles étaient originaires des zones les plus défavorisées de ce pays d'Amérique centrale, où la moitié des 13 millions d'habitants vit dans la pauvreté. "Les effets du phénomène El Niño ont prolongé la période de sécheresse, ce qui a entraîné une réduction (...) de la production agricole affectant environ 2,5 millions de personnes dans 21 provinces" du pays, a expliqué à la presse la porte-parole de l'OCHA Elisabeth Byrs. Le président du Guatemala a d'ailleurs décrété l'état de "calamité publique". Selon les autorités, la famine pourrait affecter 400.000 autres familles d'ici la fin de l'année. Le Guatemala a également demandé à la communauté internationale 110 millions de dollars afin de venir en aide aux 54.000 familles dans le besoin, a indiqué l'OCHA. Dalila T.