Dans une déclaration écrite adressée hier au premier magistrat du pays, dont une copie a été remise à la presse locale, les présidents des associations locales de Béchar Djedid interpellent le président de la République pour attirer son attention sur l'origine de l'explosion des émeutes qui ne sont pas spontanées et l'impérieuse nécessité de se pencher sur leur racine pour en extraire le mal. Dans leur déclaration, ils mettent l'accent sur « les négligences, le laisser-aller des responsables administratifs et des élus locaux qui ont fermé les portes du dialogue ». Ceci devant les exigences croissantes de la population de la banlieue de Béchar Djedid en matière de demandes sociales et de développement local. Une telle situation a conduit, selon les représentants des associations, à l'émergence « d'une faune d'opportunistes et de prévaricateurs gravitant autour des cercles des responsables des administrations pour détourner l'argent destiné à la population locale ». Ils doivent être sanctionnés, conclut la déclaration. Pour rappel, la commune de Béchar Djedid a vécu une semaine d'explosion sociale au cours de laquelle plusieurs édifices publics ont été détruits ou saccagés. L'intervention musclée de plusieurs éléments de l'ordre public avec quelques excès dénoncés n'était pas faite pour arranger les choses. Car jeudi soir, dernier jour des émeutes, une jeune étudiante de 20 ans, asthmatique, a succombé après inhalation des gaz lacrymogènes. Mais vendredi matin, l'intervention sur la scène d'un officier gradé de l'ANP avec la promesse d'étudier les sollicitations des manifestants a mis fin à l'agitation. Les émeutes ont aussitôt cessé. La première exigence des émeutiers a été de demander à l'officier supérieur le départ du faubourg des éléments de la Sûreté nationale, accusés d'avoir outrepassé leur mission. Leur demande fut acceptée et la Gendarmerie nationale a pris le contrôle de la banlieue de Béchar Djedid, à la grande satisfaction de la population. Mais le calme demeure toutefois précaire et les services de sécurité ont néanmoins accédé à la demande des associations locales, en libérant les mineurs arrêtés lors de la dernière explosion de jeudi, après l'échec des pourparlers engagés avec le wali jeudi dernier. Plusieurs édifices publics et le siège de Sonelgaz demeurent étroitement surveillés, depuis trois jours. Les gendarmes ont été déployés à l'intérieur des institutions pour parer à toute éventualité. La hache de guerre sera-t-elle définitivement enterrée ? C'est en tous cas le vœu de la population locale, excédée par une semaine de violences.