Dans une autre correspondance adressée au président de la République et dont une copie a été remise hier à notre bureau, les comités des cités en préfabriqué construites après le séisme de 1980 s'élèvent contre le « silence étrange de l'administration » quant à la mise en application de l'article de la loi de finances 2007 relatif à l'octroi d'un don de 100 millions de centimes pour chaque famille sinistrée. Ce soutien, rappelons-le, est destiné essentiellement à la réhabilitation ou le remplacement de ce genre d'habitat qui a largement dépassé sa durée de vie et commence à tomber en ruine. « L'administration a carrément fermé la porte du dialogue avec les représentants des 20 000 familles concernées et s'emploie à imposer des solutions que nous rejetons en bloc et dont nous avons attiré son attention dès le choix de terrains pour la construction de villes nouvelles sur des terrains agricoles », écrivent-ils dans leur correspondance. Les villes en question devraient accueillir une partie des sinistrés de l'ex-El Asnam, en l'occurrence les 6300 locataires répartis sur les communes de Chlef et de Chettia. Pour ce qui est de l'autre partie composée de 12 000 propriétaires occupant les mêmes constructions, l'Etat avait prévu initialement des crédits bancaires à des taux bonifiés pour la remise en l'état de leurs baraques. Or, des changements sont intervenus dans la loi de finances 2007 qui a été approuvée par le Parlement sortant et signée par le président de la République. Le nouveau dispositif a fixé une aide financière pour chaque famille concernée et ne fait aucune distinction entre les sinistrés de cette catastrophe naturelle. Cependant, au moment où l'on attendait de (bonnes) nouvelles sur le sujet à l'occasion de la visite du chef de l'Etat dans la région, les 29 et 30 mai dernier, le ministre de l'Intérieur déclare, contre toute attente, que cette disposition de la loi de finances est « inapplicable après avoir été adoptée à la sauvette par le Parlement en fin de mandat ». Il est évident que cette déclaration a fait sortir de leur mutisme les responsables des comités de quartiers qui ne cachent pas leur étonnement face au « revirement inexpliqué du gouvernement ». « Le dossier du préfabriqué est devenu un sujet tabou chez certains responsables locaux et interdit à toute discussion publique pour des raisons inconnues. Ils s'obstinent à fuir leurs responsabilités en tournant le dos à la détresse de nombreuses familles qui vivent dans des conditions particulièrement difficiles », soulignent encore les plaignants qui interpellent de nouveau le président de la République pour prendre en charge leur préoccupation majeure.