Les derniers affrontements, entre les éléments des forces de sécurité palestiniens et les éléments du mouvement islamiste radical, Hamas, mardi, dans le camp des réfugiés palestiniens de Djabalia, qui ont fait plusieurs blessés de part et d'autre, montrent à quel point les dissensions sont énormes sur la scène palestinienne. Onze membres des forces de sécurité et deux hommes du Hamas ont été blessés dans ces affrontements. Les responsables du Hamas et de l'Autorité palestinienne se sont rejeté la responsabilité de cette flambée de violence. Tout avait commencé la semaine dernière, lorsque des membres des services de sécurité palestiniens sont intervenus pour empêcher des militants du Hamas de lancer des roquettes artisanales de type Qassam en direction du territoire israélien. Le Premier ministre palestinien, Ahmad Qoreï, a condamné ces violences et déclaré que la police avait reçu l'ordre d'y mettre fin. Le porte-parole du ministère palestinien de l'Intérieur, Taoufik Abou Khoussa, a déclaré que des éléments du Hamas avaient blessé trois membres du Fatah, et auraient également brûlé trois véhicules. « Le Hamas tient un double langage. Tout en parlant d'accalmie, il conduit des actes qui attisent la tension interne », a-t-il déclaré. L'intervention d'une importante délégation égyptienne conduite par M. Bouheiri, considéré comme le no 2 des services de renseignements de ce pays voisin, paraît avoir du mal à remettre de l'ordre dans les rangs palestiniens, tellement les divergences entre les protagonistes semblent profondes. D'un côté, l'Autorité palestinienne et son président, arrivé au pouvoir par le suffrage universel, avec un programme politique connu, excluant la lutte armée comme moyen de règlement du conflit israélo-palestinien, axant ses efforts sur les négociations directes avec les Israéliens et la recherche d'un appui au niveau des instances internationales, capable de contraindre l'Etat hébreu à reconnaître les droits nationaux du peuple palestinien. De l'autre côté, les mouvements radicaux, à leur tête le Hamas, qui ne se contentent pas comme l'Autorité palestinienne ainsi que l'olp, d'un Etat palestinien indépendant sur les territoires palestiniens occupés en 1967 (la bande de Ghaza, la Cisjordanie et El Qods), mais de toute la Palestine historique, prône la lutte armée, comme seul moyen de concrétiser ce but. L'Autorité palestinienne va plus loin encore, en accusant ces mouvements, particulièrement le Hamas de vouloir se présenter comme étant le substitut de l'OLP, dans la représentation du peuple palestinien. En effet, le Hamas a ses propres institutions et sa propre « armée ». C'est donc un différend idéologique, plus qu'autre chose. Un combat entre deux visions politiques très différentes. Il est donc difficile de voir l'Autorité palestinienne ainsi que le mouvement Fatah leur céder facilement la place. Si aucun compromis n'est atteint par le dialogue entre les deux parties, le bras de fer qui les oppose risque de durer avec tous les aléas qui en résulteront. L'affrontement sera de plus en plus violent, ce qui veut dire, une guerre civile dévastatrice pour l'ensemble du peuple palestinien, dont la situation actuelle est déjà loin d'être enviable. Selon les dernières nouvelles, ce compromis aurait été réalisé à la suite des derniers efforts de M. Bouheiri. Il faut l'espérer, pour le grand bien de l'avenir de la question palestinienne.