Les citoyens palestiniens, otages des agressions israéliennes répétées, des affrontements entre partisans du Fatah et ceux du Hamas, de l'embargo international qui les a plongés dans la pauvreté, paient chèrement leur attachement à leurs terres et à leur cause. En l'espace de 72 heures, l'armée israélienne a tué 21 Palestiniens et blessé des dizaines d'autres. La journée d'hier a été la plus sanglante avec sept victimes palestiniennes. L'armée israélienne a lancé son opération dans le camp des réfugiés de Jabaliya dans le nord de la bande de Ghaza. Sept Palestiniens ont été tués et 18 blessés, dont quatre grièvement, lors d'un raid aérien israélien et d'échanges de tirs, selon des sources de sécurité palestiniennes. Six des tués faisaient partie des Brigades Ezzedine Al Qassam, la branche armée du mouvement islamiste Hamas qui dirige le gouvernement, selon un communiqué des Brigades. L'identité de la septième victime n'était pas connue dans l'immédiat. Le décès des sept Palestiniens porte à 21 tués depuis jeudi, et à 5434 le nombre de personnes tuées depuis le déclenchement de l'Intifadha fin septembre 2000, en grande majorité des Palestiniens, selon un bilan officieux. Jeudi à l'aube, au cours d'une incursion de l'armée israélienne dans la localité d'Abassane à l'est de la bande de Ghaza, six Palestiniens, dont un père et son fils de 13 ans, ont été tués. 16 autres Palestiniens ont été blessés au cours de la même opération. Les victimes ont été atteintes par des éclats de missiles air-sol, tirés par des drones sur des attroupements de citoyens. Dans la soirée, encore une fois au quartier Chedjaiya, l'aviation israélienne a mené un raid contre le domicile d'Achraf Ferouana, un membre des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas. L'homme ciblé en est sorti indemne alors qu'une fillette de 8 ans ainsi que deux autres citoyens, dont son frère, ont été tués. Huit autres personnes ont été blessées. La machine de guerre israélienne a intensifié ses opérations militaires depuis le 28 juin après l'enlèvement d'un soldat israélien. Plus de 300 Palestiniens ont été tués depuis cette date. Dans ce qui peut être qualifié de punitions collectives, au cours de ces opérations militaires, Israël a dévasté des centaines d'hectares de terres agricoles, détruit tous les ponts routiers de la bande de Ghaza, ainsi que la principale centrale électrique qui alimentait plus de 70% de ce territoire en énergie électrique. Il en résulte des coupures régulières de courant électrique s'étalant parfois sur plus de 16 heures par jour. A l'occupation israélienne s'ajoute, pour les Palestiniens, la persistance des désaccords entre le Fatah et le Hamas. Quant à la formation d'un gouvernement d'union nationale, elle se concrétise sur le terrain par des affrontements parfois armés, entraînant des morts dans les deux camps. L'échec de la mission de médiation du ministre qatari Hamad Ben Jassem Al Thani afin de trouver un compromis entre les deux principales forces palestiniennes a renforcé les craintes d'une escalade des affrontements fratricides. Ces violences ne connaissent pas de répit. Jeudi, un officier du service des renseignements, fidèle au président Mahmoud Abbas du Fatah, Ali Chakchak, 35 ans, a été mortellement blessé par des inconnus près de sa maison dans le quartier de Cheikh Redouane à Ghaza. Dans la soirée, des centaines de ses voisins, amis et membres armés du Fatah ont organisé une manifestation de protestation, qui a parcouru les rues du quartier, la rue El Nasser et le camp de réfugiés de Chaty où un officier de la Garde présidentielle, blessé au cours des affrontements de ce qui a été qualifié de dimanche noir, avait succombé mardi. Ils ont brûlé des pneus, tiré des balles en l'air, lancé des slogans contre le Hamas, Ismail Hanieyh (Premier ministre) et Saïd Siam (ministre de l'Intérieur appartenant au même mouvement). Dans la soirée, un responsable du Hamas, Naji Al Turkmane, a été tué dans le nord de la ville de Ghaza, par des inconnus aussi. Dans la même soirée, des éléments armés non identifiés ont attaqué à l'explosif « la radio des travailleurs », une station radio locale proche du Fatah mais sans faire de victimes. Le gouvernement du Hamas a dénoncé les « crimes odieux perpétrés contre des civils qui marquent une volonté d'escalade militaire de la part du gouvernement d'occupation (Israël) ». Il a appelé la communauté internationale à « intervenir pour mettre fin à ces crimes » tout en lançant un appel à « l'unité palestinienne ». Le Hamas faisait ainsi allusion aux violences interpalestiniennes entre les partisans de ce mouvement et ceux du Fatah du président Mahmoud Abbas, qui ont fait une dizaine de morts depuis le début octobre. En l'absence d'un accord entre le Fatah et le Hamas, ce genre d'événements tristes, sanglants et honteux en même temps risque d'évoluer en guerre civile qui ne fera que des perdants. « Jusqu'à quand ? », se demandent les Palestiniens.