Les graves affrontements interpalestiniens ayant opposé des éléments du mouvement radical Hamas à des forces de l'ordre et ayant entraîné la semaine dernière la mort de trois personnes, dont un officier haut gradé de la police palestinienne, et des blessures à plus de 50 autres, ont marqué les esprits et choqué les Palestiniens. Toutefois, l'anarchie sécuritaire, qui devient un mal chronique dans les territoires palestiniens, est toujours d'actualité. Les enlèvements, les meurtres ainsi que les tentatives de meurtre d'éléments des forces de sécurité palestinienne ou de simples citoyens font désormais part du vécu quotidien des territoires palestiniens. Les derniers événements du genre ont été l'enlèvement d'un officier des renseignements palestiniens à Ghaza, d'un professeur d'université Toulkarem et de deux autres personnes à Beït Lehem et Al Khalil. Sami Aajour, responsable de la sécurité du chef des renseignements palestiniens, a été enlevé jeudi soir après avoir été attaqué et blessé par balle par plusieurs assaillants dont l'identité est encore inconnue. Des doigts accusateurs sont pointés en direction du mouvement Hamas dont les responsables ont nié toute responsabilité. Aajour a été retrouvé un peu plus tard à Tel Ezaatar, au nord de la ville de Ghaza, avant d'être admis à l'hôpital Kamal Aadouane où ses blessures ont été qualifiées de moyennes. Le ministère de l'Intérieur a tout de suite décrété l'état d'urgence au sein de tous les services de sécurité qui ont mis en place plusieurs barrages routiers. Ils avaient reçu l'ordre d'arrêter toute personne armée circulant dans le secteur. Les forces de l'ordre ont réussi dans la même soirée à retrouver l'un des véhicules qui ont participé à l'attaque. Il contenait, selon le ministère palestinien de l'Intérieur, des armes automatiques, des grenades ainsi qu'une ceinture explosive. Le même jour, en Cisjordanie, c'est un professeur de l'université Ennadjah, proche du Hamas, qui a été enlevé à son domicile par 4 hommes armés. Dans la même nuit, Hassan Safi de Beït Lehem et Bassem Aabidou d'Al Khalil, des cadres du mouvement Hamas, ont à leur tour été enlevés par des hommes armés. Un groupe armé jusque-là inconnu a déclaré sa responsabilité. Le groupe dénommé Brigades du Farouk Omar Ibn El Khatab en Palestine, qui a libéré le professeur Riad Errasse quelques heures après son enlèvement, a déclaré que ces actes sont la première réponse aux dépassements du mouvement Hamas et à ses récentes attaques contre les forces de l'ordre. Les brigades des martyrs d'Al Aqsa, la branche armée du mouvement Fatah au pouvoir depuis l'instauration de l'Autorité palestinienne en 1994, suite à la conclusion des accords d'Oslo entre Israël et l'OLP en 1993, ont condamné, dans un communiqué qui a précédé les deux autres enlèvements, celui du professeur Riad Errasse à Toulkarem. Le mouvement Hamas, dont la popularité semble en baisse à cause de l'explosion de Djabalia où 20 personnes ont été tuées suite à une erreur de manipulation lors d'une parade militaire des forces armées du mouvement et ses attaques contre les forces de l'ordre, dont les plus récentes ont pour la première fois fait des victimes dans des affrontements interpalestiniens, ne veut pas admettre sa responsabilité dans les turbulences que vivent les territoires palestiniens depuis le retrait israélien de la bande de Ghaza. Un communiqué de la haute commission de suivi, constituée de représentants de tous les mouvements palestiniens dont le Hamas et le Djihad islamique, qui d'habitude utilise un ton conciliateur, a fait porter au Hamas la responsabilité des derniers événements ayant entraîné la mort de Palestiniens. Le Hamas a bien sûr rejeté ces accusations, menaçant de se retirer de cette commission. Malheureusement, si le Hamas ne fait pas une sérieuse révision de sa conduite destructrice, et tant que ce mouvement, qui a une emprise sur une partie assez large du public palestinien, refuse de se soumettre à la loi qui doit être au-dessus de tous, les territoires palestiniens resteront sous la menace de la guerre fratricide dont les prémices ont déjà commencé. Quant au changement du gouvernement palestinien exigé par le conseil législatif, suite à la poursuite de l'anarchie sécuritaire dans les territoires palestiniens, les observateurs pensent que le président Abbas opérera ce changement très prochainement. Cette fois, si Qoreï est reconduit au poste de Premier ministre, il ne pourra dévier de la ligne du président Abbas comme il l'a souvent fait. En tous les cas, il semble que c'est son unique chance de garder sa place dans la vie politique palestinienne.