Avec la mort de trois Palestiniens à Ghaza par des balles palestiniennes lors de violents affrontements entre la police et des éléments du mouvement radical Hamas, le pire a été atteint dimanche soir. Tout a commencé par une altercation entre un citoyen et le fils de l'ancien chef du Hamas dans la bande de Ghaza, Abdelaziz El Rantissi, assassiné par l'armée israélienne en 2004. Le fils El Rantissi avait exigé de retirer de l'argent d'un distributeur de billets de la banque de Palestine, dans la rue El Nasser à Ghaza, avant le citoyen, qui de son côté, affirmait qu'il était présent avant lui. Lorsque le ton est monté, Mohamed El Rantissi a fait appel à l'aide de son téléphone mobile à un groupe de militants armés du Hamas. Entre temps, des éléments d'une patrouille de police palestinienne sont intervenus afin d'arrêter le fils El Rantissi armé, dans le cadre d'une récente réglementation interdisant le port d'armes dans les rues palestiniennes. Sitôt arrivés sur les lieux, les éléments du Hamas ont lancé une grenade contre la patrouille de police, blessant deux policiers, ce qui a enflammé la situation. Donc, pas le moindre soupçon d'un quelconque mobile politique. Selon un communiqué du ministère palestinien de l'Intérieur, la police a alors pris en chasse quatre hommes armés et a dû ouvrir le feu pour les empêcher d'entrer au service des urgences de l'hôpital El Chifa, situé à proximité du lieu de l'incident. Les affrontements ont alors fait place à une bataille rangée et se sont étendus au camp de réfugiés d'El Chatti à l'ouest de la ville de Ghaza et dans le quartier de cheikh Radouane. Pour le ministère, « le Hamas porte l'entière responsabilité de ce qui s'est passé. Il a violé la loi et le consensus national ». Au camp d'El Chatti, des éléments du Hamas ont attaqué un poste de police aux lance-roquettes antichars RPG, tuant le chef du poste, un officier du grade commandant et deux passants dont une femme. Des sources médicales à l'hôpital El Chifa nous ont affirmé que cinquante citoyens ont été blessés, dont cinq sont jugés dans un état grave. Les affrontements ont duré plus de trois heures. Cette escalade de violence entre Palestiniens survient trois jours après que les groupes armés avaient donné leur accord de ne plus porter d'armes en public et pour la première fois depuis le retrait israélien de Ghaza. Cette détérioration du climat sécuritaire a entraîné une forte tension parmi les citoyens palestiniens qui craignent que la situation échappe à tout contrôle. Ces affrontements relancent de nouveau la question des profondes divergences entre le mouvement Hamas et le mouvement Fatah au pouvoir. Dans le cas où ces deux principaux mouvements n'arrivent pas à trouver un terrain d'entente minimum, l'avenir du peuple palestinien sera vraiment en danger. Il y a risque d'une implosion interne de laquelle personne ne sortira indemne. Ce sont les grands de la trempe du Hamas qui peuvent aider le président Mahmoud Abbas à mettre un terme à l'anarchie qui règne dans les territoires palestiniens. Si le Hamas œuvre pour l'unité au sein de la société palestinienne, comme le déclarent très souvent ses responsables, il doit alors aider l'Autorité palestinienne à faire respecter la loi qui doit rester au-dessus de tous. Le fils El Rantissi aurait pu accompagner les agents de l'ordre au lieu de leur résister par la force des armes. Un simple coup de téléphone de la part des responsables du Hamas l'aurait ramené chez lui indemne, mais on a l'impression que le Hamas veut à tout prix porter atteinte à la notoriété de l'autorité palestinienne qu'il veut affaiblir de plus en plus. Personne ne dénie à Hamas ses efforts et ses sacrifices durant l'intifadha qui a fêté son 5e anniversaire le 28 septembre dernier. Mais attaquer des postes de police palestinienne aux lance-roquettes et tuer d'autres Palestiniens ne peut en aucun cas être justifié. Le peuple palestinien a tellement de soucis avec l'occupant israélien qu'il ne peut supporter une lutte fratricide fatalement destructrice. Les représentants des principaux mouvements palestiniens se sont réunis jusqu'à une heure tardive de dimanche dans le but de mettre au point une charte d'honneur qui réglemente la relation entre l'Autorité palestinienne et les différents mouvements de résistance d'un côté et entre ces mêmes mouvements. Ces réunions se sont poursuivies hier en présence de représentants du Hamas et du Fatah. Hier, l'incendie semblait éteint. Mais pour combien de temps ?