La terreur est revenue hanter les Londoniens jeudi en début d'après-midi, deux semaines exactement après les attentats terroristes perpétrés pour la première fois de l'histoire par des kamikazes sur le sol britannique et en Europe de l'Ouest. Comme jeudi dernier, le métro et un autobus impérial ont été la cible d'attentats à l'aide d'engins explosifs. Trois stations ont été touchées par des déflagrations de très faible intensité à l'heure du déjeuner : Oval, Warren Street et Shepherd's Bush. Une explosion a retenti à bord d'un autobus impérial. Le conducteur du bus n°26 a entendu une détonation. Il est monté à l'étage de son bus où il a constaté que les vitres avaient été soufflées. Les quatre incidents n'ont fait aucun blessé ou tué. Des passagers de deux des rames de métro visées ont dit avoir vu des suspects prendre la fuite après les faibles explosions quasi simultanées survenues à l'heure du déjeuner. Scotland Yard a indiqué que seuls les détonateurs ont explosé sans parvenir à la mise à feu des explosifs. Des policiers en tenue de protection chimique se sont rendus à Warren Street. Les premières analyses effectuées dans la station d'Oval n'ont détecté « aucune trace d'agents chimiques », a précisé Scotland Yard. Le directeur de Scotland Yard, Ian Blair, a déclaré, lors d'une conférence de presse, que « de toute évidence, l'intention devait être de tuer. Vous ne faites pas ça avec une autre intention ». Il a ajouté que « l'important est que les terroristes n'ont pas réussi ce qu'ils avaient l'intention de faire ». De son côté, le Premier ministre, Tony Blair, a déclaré que ce que veulent ceux qui ont commandité et perpétré les attaques « c'est que nous nous retournions et disions : oh, c'est notre faute ! ». Il ne faut pas tomber dans ce piège, a-t-il dit, car « ceux qui sont responsables sont les terroristes ». Pour Tony Blair, « la combinaison de ce mal, de cette faillite idéologique fondée sur la perversion de l'islam par le terrorisme, c'est quelque chose qui s'est construit sur une certaine période. Il faudra un certain temps pour démanteler cela. Mais je ne doute pas du tout qu'à la fin les valeurs que nous représentons seront les valeurs qui triompheront. C'est pourquoi en fin de compte nous allons gagner ». Il a lancé un appel au calme. « Nous savons pourquoi ils font ce genre de chose. Ils veulent effrayer les gens. » Le maire de Londres, Ken Livingstone, a lui aussi appelé les Londoniens à vaquer à leurs occupations et à se rendre normalement à leur travail pour ne pas donner gain de cause aux auteurs des attentats, quels qu'ils soient. La police et les experts évoquent deux pistes : celle d'amateurs inspirés par les attentats de jeudi dernier et celle des commanditaires des attentats du 7 juillet dernier qui chercheraient ainsi à signifier qu'ils ont encore les moyens humains et matériels nécessaires pour contourner les mesures de sécurité draconiennes et perpétrer d'autres attentats. Sans établir un lien direct entre les événements des deux jeudis, le chef de Scotland Yard a déclaré qu'« il y a des similitudes ». « Nous savons qu'il y a eu quatre explosions ou tentatives d'explosion », a-t-il poursuivi, soulignant le fait que les bombes défectueuses allaient être étudiées minutieusement. Ian Blair a indiqué que « cela pourrait représenter une percée significative dans le sens où il y a évidemment des pièces à conviction qui peuvent nous être très utiles », a-t-il ajouté. Une voix dissonante s'est néanmoins fait entendre sur le fait que les bombes n'ont pas explosé. Hans Michels, professeur à Imperial College of London, estime qu'il était extrêmement improbable que les quatre engins n'ont pas explosé, particulièrement s'ils ont été construits par la même personne, comme ce fut le cas lors des attentats du 7 juillet. « Il est possible que ces bombes n'aient pas explosé parce qu'elles ont été mal fabriquées ou la matière avec laquelle elles ont été fabriquées était de mauvaise qualité. Mais je serais étonné si les quatre bombes n'ont pas explosé », a-t-il dit. « Si vous savez ce que vous faites, comme le savait sûrement la ou les personnes qui ont fabriqué les bombes, je vois mal comment certaines de ces bombes n'auraient pas explosé », a indiqué Hans Michel. Scotland Yard a fait savoir hier qu'aucune arrestation en rapport avec les attentats n'avait été effectuée. Un homme a été remis en liberté jeudi soir après avoir été interrogé, a ajouté la police. La police a réclamé de nouvelles prérogatives pour lutter contre le terrorisme, notamment le droit de retenir des suspects pendant trois mois sans inculpation. « Les attentats terroristes commis à Londres le 7 juillet et aujourd'hui nous donnent l'occasion de réfléchir à nos systèmes et à nos pratiques afin de nous assurer qu'ils suffisent pour faire face à de tels événements sans précédent », a déclaré Ken Jones, président de la commission du terrorisme de l'Association des officiers de police (ACPO).