Shocking! Les Anglais étaient choqués d'apprendre que les attentats suicide étaient les faits de natifs de Grande-Bretagne. C'est peu de dire que la Grande- Bretagne était choquée hier en apprenant que ce sont les propres sujets de Sa Gracieuse Majesté qui sont derrière les meurtriers attentats contre les transports londoniens. De fait, la presse britannique résumait hier parfaitement le sentiment général en Grande-Bretagne. Ce sentiment est répercuté notamment par le Time (droite) qui écrivait: «La conclusion que les terroristes sont nés ici est profondément déstabilisante», se demandant s'il est «vraiment possible que personne, dans l'entourage des poseurs de bombes, n'ait été informé de leurs intentions». Ainsi, après avoir exporté des kamikazes à travers le monde, partout où un conflit était en cours, la Grande-Bretagne se voit la cible de ses déviants. Grâce au visionnage des films des caméras de surveillance (Close Circuit Television -Cctv - télévision en circuit fermé), dont Londres est quadrillée, les enquêteurs sont rapidement parvenus, après cinq jours d'enquête, à localiser puis à identifier les quatre auteurs présumés des attentats que montraient des images vidéos. Or, les quatre kamikazes supposés sont tous des natifs de Grande-Bretagne, plus exactement de Leeds dans le West Yorkshire, comté faisant l'objet, mardi, d'une vaste opération de perquisition. Ainsi, les quatre kamikazes étaient des Britanniques, -tous tués-, responsables des sanglants attentats de jeudi contre trois rames de métro et un bus à impériale (à deux étages), affirmaient hier les journaux britanniques, qui citaient des sources proches des enquêteurs et des renseignements. Les observateurs estiment que les attentats de Londres étaient les premiers de ce type commis en Europe. Dans cette affaire, il y a comme un choc de retour consistant dans le fait que ces Britanniques d'origine, ou d'adoption, se retournent contre leur propre pays qui, rappelle-t-on, a ouvert largement ses portes à tous les excès de ces dernières années, singulièrement l'extrémisme islamiste. Mais les quatre de Londres ne sont pas en fait les premiers Britanniques impliqués dans la violence. Tout le monde se rappelle en effet la rocambolesque aventure de «l'homme aux chaussures piégées», le Britannique Richard Reid qui tenta, grâce à ce stratagème, de faire exploser, en décembre 2001, un Boeing 767 de la compagnie américaine American Airlines reliant la capitale française Paris à Miami en Floride (sud des Etats-Unis). Depuis, Richard Reid a été condamné par les tribunaux américains à 110 années de prison. Dans son sillage, d'autres candidats ont aussi tenté, mais ont aussi échoué, à mener à terme leurs opérations suicides. Les auteurs présumés des attentats de Londres semblent donc avoir pris exemple sur leurs prédécesseurs en s'attaquant à l'un des symboles de la capitale britannique: ses transports publics. Ces quatre kamikazes, identifiés par la police, sont Shehzad Tanweer, Hasib Hussain, Elias Fiaz et Mohammed Sadiq Khan, tous de jeunes musulmans britanniques de 19 à 30 ans qui viennent de rejoindre une longue liste de kamikazes, détenteurs du passeport de Sa Gracieuse Majesté. Ces quatre noms ont été cités hier par la presse britannique après recoupement des informations données par des sources proches de la police et des renseignements. Il faut dire que, choquée, la classe politique et la presse britanniques, digèrent mal le fait que les attentats ont été exécutés par des Britanniques tout à fait ordinaires, qui n'ont jamais défrayé la chronique, même s'il semble que quelques uns d'entre eux aient voyagé dans des contrées aujourd'hui très suspectes comme le Pakistan. Ce qui est apparemment le cas de Mohammed Sadiq Khan, 30 ans, qui aurait séjourné récemment dans ce pays dont Al Qaîda avait fait sa base arrière et un lieu pour l'entraînement de ses troupes, comme il est fortement soupçonné d'abriter Oussama Ben Laden dans ses montagnes proches de l'Afghanistan. Après avoir été laxiste avec les prosélytes de toute obédience, Londres vient de décider d'agir et de trouver une solution pour neutraliser des prédicateurs qui avaient, jusqu'ici, toute latitude pour s'exprimer en public et/ou dans les mosquées, souvent transformées en première cellule du djihad. C'est ainsi que le Premier ministre britannique, Tony Blair, a laissé entendre hier, que les choses vont changer indiquant qu'il fallait mettre de l'ordre dans une situation qui a totalement échappé aux pouvoirs publics. Tony Blair a déclaré, hier, devant la chambre des Communes qu'«il faut réfléchir de façon urgente comment renforcer les procédures permettant d'interdire l'entrée du Royaume-Uni aux personnes qui attiseraient la haine» et «comment expulser ces personnes si elles rentrent trop facilement» sur le territoire britannique. Par ailleurs, une certaine paranoïa s'est emparée des Britanniques qui multiplient les fausses alertes compliquant la tâche des services de sécurité. Ces derniers ont même dû fermer hier, momentanément, les accès du Parlement de Westminster, après une alerte qui s'est avérée sans fondement. Trop permissives avec les islamistes, les autorités britanniques ont mis du temps à admettre leur nocivité pour agir, et ne l'ont fait avec résolution, qu'une fois que leurs propres compatriotes ont été fauchés par des bombes préparées et actionnées par d'autres concitoyens. Un carnage qui, sans doute, aurait pu être évité si les gouvernants britanniques avaient écouté les mises en garde, notamment celles des pays victimes de l'extrémisme islamiste quand le sol britannique lui servait de base arrière et abritait quelques uns de ses plus virulents prosélytes.