L'espoir de retrouver sains et saufs les deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, enlevés jeudi dernier à Baghdad par des membres du groupe d'Abou Moussab Al Zarqaoui, reste entier. Les efforts déployés par l'équipe d'experts algériens, dépêchée en Jordanie dès la confirmation du rapt, et les investigations menées par ceux des services de sécurité irakiens pour retrouver la piste des ravisseurs commencent à donner des résultats. Les services de renseignements irakiens ont annoncé avoir arrêté, hier, deux suspects liés au kidnapping des deux diplomates. L'information divulguée, à la presse, par le général Hussein Ali Kamal, adjoint du ministre de l'Intérieur chargé du renseignement, ne précise pas, en revanche, quand l'arrestation a eu lieu. La source s'est contentée uniquement d'évoquer la mise en place, à Baghdad, d'un comité d'enquête pour interroger les deux personnes arrêtées. « Nous avons arrêté deux suspects liés à l'enlèvement de deux diplomates algériens et nous avons mis en place un comité d'enquête pour les interroger », a affirmé le général Hussein Ali Kamal, ajoutant qu'il ne pouvait pas en dire plus. Les éléments rendus publics par le général Hussein Ali Kamal ont été confirmés, plus tard dans la journée, par le ministre irakien de l'Intérieur, Bayan Jabr. Le responsable irakien n'a pas précisé aussi le lieu ni la date des interpellations. Il se contentera seulement d'indiquer que « plus de trente voitures des forces spéciales de sécurité ont cerné l'endroit et elles en ont arrêté deux en relation avec l'enlèvement ». « Ils sont maintenant entendus. Nous nous attendions à trouver là l'ambassadeur algérien, mais nous avons trouvé des personnes liées à l'enlèvement », a poursuivi M. Jabr. De leur côté, les experts algériens présents à Amman tentent de trouver d'autres pistes susceptibles de les conduire aux diplomates enlevés. Lent et difficile en raison du chaos et de la confusion extrêmes prévalant en Irak, le travail de l'équipe envoyée par le ministère des Affaires étrangères consiste notamment à réactiver et à mettre à contribution les anciens réseaux de relations entretenus avec les Irakiens, sous le régime de Saddam Hussein. L'objectif est de réunir le maximum d'indices et de renseignements capables de leur permettre d'avancer dans leurs investigations. Le gouvernement algérien fait « tout ce qu'il peut » pour obtenir la libération des deux diplomates algériens enlevés jeudi dernier à Baghdad, a déclaré, pour sa part, hier, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, qui participait dans la capitale britannique à une réunion sur la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU, réunissant des pays membres de l'Union africaine (UA) et du G4 (Allemagne, Brésil, Inde et Japon). « Le gouvernement ne croise pas les bras. Je ne peux pas évidemment vous dire à l'heure actuelle ce qu'il est en train de faire, mais il fait tout ce qu'il peut faire pour que les deux ressortissants puissent être libérés », a-t-il indiqué, ajoutant : « Nous avons toujours été du côté du peuple irakien, nous avons combattu pour sa souveraineté. Nous ne comprenons pas. Que l'on puisse s'attaquer à des ressortissants algériens est quelque chose qui sort complètement de l'entendement. » Toutefois, la célérité avec laquelle le ministère irakien de l'Intérieur a annoncé l'arrestation des deux suspects n'étonne pas beaucoup puisque le kidnapping des Algériens s'est déroulé en plein jour, devant plusieurs témoins oculaires, dans le quartier résidentiel El Mansour. Des sources policières locales retiennent même l'hypothèse que les auteurs du kidnapping n'ont pas encore quitté le périmètre du quartier El Mansour, mis sous haute sécurité et où sont installées la majorité des ambassades. En Algérie et à l'étranger, la mobilisation pour la libération de Ali Belaroussi, 62 ans et père de quatre enfants, et Azzedine Belkadi, 47 ans, se poursuit. Après les partis politiques, c'était au tour, hier, de l'Association des oulémas algériens de condamner l'enlèvement des deux diplomates. Dans un communiqué rendu public, l'association dirigée par M. Chibane a appelé « tous les oulémas d'Irak et tous les autres frères irakiens, qu'ils soient dans les institutions officielles ou populaires, à déployer tous les efforts nécessaires afin de contribuer à la libération rapide des diplomates enlevés ». Un appel analogue a été lancé par des partis religieux pakistanais, samedi dernier. En poste à Baghdad depuis deux ans, Ali Belaroussi, le chargé d'affaires de l'ambassade d'Algérie à Baghdad, devait regagner Alger dans les prochaines semaines pour prendre sa retraite. Azzedine Belkadi était affecté en Irak, il y a une semaine. Les deux diplomates ont été enlevés, rappelle-t-on, par huit hommes armés à cent mètres environ de la représentation algérienne. Le rapt des deux diplomates a été revendiqué, samedi dernier, par le groupe du chef d'Al Qaîda en Irak, Abou Moussab Al Zarqaoui, dans un communiqué diffusé sur internet. Confirmant son allégeance à l'organisation terroriste d'Al Qaîda, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a, pour sa part, « félicité », dimanche, le groupe d'Abou Moussab Al Zarqaoui pour l'enlèvement de deux Algériens, dans un communiqué publié sur son site internet. Face à la recrudescence des actes terroristes en Egypte et en Europe, la Ligue arabe a réitéré, hier, son appel en faveur de la tenue d'une conférence internationale sur le terrorisme.