Azzedine a quitté son village natal, Ighil Guemmour, à destination de l'Irak. C'était sa première mission dans ce pays. Elle n'aura duré que cinq jours avant son enlèvement qui a surpris et consterné les opinions nationale et internationale. Atmosphère très lourde au café Le Carrefour. Moment de très fortes émotions. L'attente est insoutenable. Le petit lieu public est bondé de monde, tous ont les yeux braqués sur le petit téléviseur, le cœur battant. El Iraqia, El Djazira, El Arabiya, etc., Farid, le copropriétaire du café, a le geste nerveux en zappant. On avait l'espoir que l'information était erronée tellement la rumeur qui l'avait transformée était insupportable. Un message menaçant, qu'auraient diffusé sur Internet les ravisseurs des deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, enlevés en Irak jeudi dernier, a suffi pour ébranler le cousin de Azzedine et tout le groupe avec lequel nous discutions au sujet du diplomate enlevé, l'enfant de la région. 12h30, aucune confirmation sur le petit écran. Azzedine et Ali sont toujours vivants. Instant de soulagement et espoir à El Had, chef-lieu de la commune de Timezrit. Farid se relâche. La veille de son départ pour l'Irak, Azzedine était là, attablé avec ses amis au même café. « On a passé deux heures ensemble et on a parlé surtout de sport », se souvient Farid. Azzedine a quitté son village natal, Ighil Guemmour, samedi à destination de l'Irak via la Syrie. C'était sa première mission dans ce pays. Employé à la wilaya de Béjaïa, Azzedine rejoint Alger et finit par faire partie du personnel du ministère des Affaires étrangères. Sa mission en Irak n'aura duré que cinq jours en tant qu'attaché diplomatique, avant son enlèvement qui a surpris autant qu'il a consterné. « Quand il nous annonça son départ pour Baghdad, un ami lui avait exprimé son inquiétude quant à un tel déplacement en ces moments d'insécurité », témoigne l'un des habitants du village. A Ighil Guemmour, El Had ou dans tout le arch d'Aït Yemmel, dans la daïra de Timezrit, 40 km au sud de Béjaïa, on attend le retour de Si Azzedine, l'enfant du village. « C'est quelqu'un de très estimé ici, communicatif et sociable à souhait. C'est un homme à qui l'on paie un café. A l'annonce de son enlèvement, tout le monde s'est précipité vers les cafés pour s'enquérir de la situation, les rues de Timezrit se sont vidées d'un coup », nous dit Allaoua, un de ses amis. Les souvenirs reviennent pour notre interlocuteur : tournois de quartiers, discussions amicales,... Il ne se fait pas prier pour nous les faire partager et nos interrogations servent de prétexte, comme pour se décharger d'un poids. Celui de la longue absence de son ami. « Azzedine est très proche des jeunes, il voulait toujours faire quelque chose pour eux. » Farid se souvient, de son côté, que l'enfant des Belkadi « était délégué du village et avait l'idée de créer une coordination des villages ». « Dans les années 1993-1994, il faisait partie des responsables de la JST (le club local). Avant son départ samedi dernier, il a été invité par le club », se remémore notre interlocuteur. « Il est très sociable », devait ajouter Mustapha, un universitaire originaire du même village qui a bien voulu nous accompagner au domicile des Belkadi.Comme ceux qui mènent à El Had, les chemins qui montent à Ighil Guemmour sont sinueux et poussiéreux. Cinq familles composent la population de ce village. Nous frappons à la porte des Belkadi. « Nous avons reçu des instructions de ne pas parler aux journalistes », nous répond le neveu de Azzedine qui ne cède pas sous notre insistance. Azzedine est le deuxième de trois frères. La famille se veut discrète et surtout prudente. « Nous ne savons pas ce qui est bon pour lui », nous dit le jeune Belkadi à propos du refus de s'exprimer sur le sujet. « L'instruction émanerait du ministère des Affaires étrangères », nous apprend-on à El Had. Au chef-lieu, les habitants semblent encore sous le choc. L'idée de la création d'un comité de soutien est en gestation comme l'est celle d'organiser une marche de soutien dans le village. « Nous vous contacterons dès que Azzedine sera là », nous promet son neveu que nous quittons avec l'espoir que le vœu des Aït Yemmel et de tous les Algériens de retrouver leur enfant sain et sauf soit exaucé.