Confiant que la communauté internationale ne prendra aucune mesure sérieuse, ni contre lui ni contre son gouvernement, le Premier ministre israélien a dévoilé publiquement les véritables buts du prochain retrait israélien de la bande de Ghaza, prévu à la mi-août. « Grâce à ce plan, il n'y aura jamais de retour aux frontières de 1967, il n'y aura jamais de retour des réfugiés palestiniens en Israël. » Ce sont là les propos tenus jeudi par Sharon devant les représentants de la communauté juive de France, où il a effectué une visite de trois jours. Il parlait bien sûr de son fameux plan de désengagement unilatéral d'avec les Palestiniens qui comporte un retrait israélien de la bande de Ghaza avec l'évacuation des 8000 colons qui y vivent actuellement, dans 21 colonies, établies sur près de 40% de ce minuscule territoire, habité par près de 1,5 million de Palestiniens, dont la superficie totale ne dépasse pas 360 km2. Non seulement il ne veut pas entendre parler du droit de retour de plus de 5 millions de refugiés palestiniens, dont les parents et les grands-parents ont été chassés de leurs terres et de leurs foyers en 1948, mais il a renouvelé ses appels aux juifs, particulièrement ceux de France, à émigrer vers Israël. « Nous vous attendons en Israël et je vous garantis que nous n'allons pas vous lâcher sur ce sujet », a-t-il dit. « Venez en Israël », a-t-il lancé aux juifs de France en précisant que son objectif pour les 15 prochaines années est de faire venir 1 million de juifs en Israël. Sharon, qui apparemment n'a nul besoin d'encouragements pour aller de l'avant dans l'application de son plan, doit sentir une satisfaction intérieure intense, lorsqu'il entend le président français Jacques Chirac qualifier ce désengagement de « décision historique ». Les masses palestiniennes, qui sont contentes de toute évacuation de n'importe quelle région des territoires palestiniens, si minuscule soit elle, ne voient rien d'historique dans le projet de Sharon. Le long combat et les lourds sacrifices de ce peuple n'ont jamais eu pour but la création d'un pseudo-Etat palestinien sur la bande de Ghaza et quelques parcelles de terres, morcelées par le mur de « séparation raciste » en Cisjordanie. C'est pourtant ce que leur propose Sharon. C'est à prendre ou à laisser. Soutenu par de forts lobbies, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, ce criminel de guerre, chaleureusement reçu dans les grandes capitales mondiales, n'a aucun respect pour les décisions prises dans les plus hautes instances internationales. Arrogant à souhait, il avait déclaré dans un passé récent qu'il était prêt à se dresser contre le monde entier pour garder la ville sainte d'El Qods dans les limites de « Jérusalem » qu'il considère comme capitale éternelle de l'Etat d'Israël. La direction palestinienne, soumise à de très fortes pressions de la part justement de cette communauté internationale et d'Israël, pour que le retrait ne se passe pas sous le feu des résistants palestiniens, se démène pour conclure des accords avec les différents mouvements palestiniens, pour faire de ce retrait un succès. Le Premier ministre palestinien Ahmad Qoreï a assuré jeudi avoir la coopération des principaux groupes armés palestiniens pour que le retrait israélien de la bande de Ghaza, prévu à la mi-août, ne soit pas ponctué de violences. « Chacun veut que le retrait (israélien) soit un succès et est prêt à y contribuer », a déclaré M. Qoreï, après une rencontre plénière entre l'Autorité palestinienne et 13 membres du Haut comité des forces nationales et islamiques, qui regroupe le Hamas, le Jihad islamique ainsi que le Fatah, le principal mouvement palestinien. « Tous veulent l'unité nationale, la reconstruction de notre patrie palestinienne et la continuation de la lutte pour la libération des territoires palestiniens occupés », a ajouté le Premier ministre. Le 24 juillet, Sharon avait menacé les Palestiniens d'un nouveau genre de riposte militaire. Ce boucher, si avide de sang palestinien, ne cherche qu'un prétexte pour ponctuer son départ de Ghaza d'un horrible massacre, ne serait-ce que pour faire plaisir un tant soit peu aux membres de l'extrême droite israélienne, qui sont contre tout retrait israélien des terres palestiniennes.