L'odieux assassinat des deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, perpétré par Al Qaîda à Baghdad, a été douloureusement ressenti par les habitants de Sétif. La colère mêlée d'indignation et d'une profonde tristesse se lisait sur les visages des gens rencontrés dans la rue ou des nombreux citoyens qui se sont rapprochés de nos bureaux pour présenter leurs sincères condoléances aux familles des deux défunts et faire par la même part de leur colère vis-à-vis de cet abominable acte. « Le peuple algérien, qui est musulman depuis la nuit des temps, n'a de leçon à recevoir de personne. Il n'a, en outre, pas besoin de ces nouveaux prophètes qui prêchent la haine et la barbarie au nom de l'Islam, cette religion de paix et de la tolérance. L'image de la résistance irakienne qui jouissait de l'estime des Algériens ayant, plus que les autres peuples, une idée sur la colonisation et les affres d'un terrorisme aveugle, est, suite à cet abjecte crime, ternie. L'Algérie, qui a de tout temps soutenu ses frères arabes qu'ils soient Palestiniens, Libanais ou Irakiens, ne méritent pas d'être poignardée de la sorte. Pour la gouverne des acolytes d'Al Zarkaoui et Ben Laden, qui n'ont ni loi ni foi, les Algériens ne sont ni juifs, ni chrétiens, ni des impies ou apostats, mais tout simplement des arabo-berbèro-musulmans épris des idéaux de liberté et d'amour d'autrui », déclarent en chœur des citoyens de la capitale des hauts plateaux. « Le peuple algérien, qui panse toujours ses plaies, générées par les sanguinaires d'ici, est une nouvelle fois endeuillé par la perte cruelle de deux de ses meilleurs fils, tués par des monstres », souligne un groupe d'universitaires, qui ont tenu à exprimer leur sympathie et leur solidarité aux familles des deux martyrs. « C'est inconcevable et incompréhensible ce qui nous arrive. L'Algérie, qui a fait face seule, une décennie durant, aux massacres et exactions de la bête immonde, doit se rendre compte que ces criminels doivent être ni plus ni moins que combattus », dira en sanglots si Zoubir, un ancien moudjahid. D'autres citoyens, représentant la silencieuse société civile, montent au créneau, pointent du doigt les pouvoirs publics n'ayant, selon eux, pas fait suffisamment pour sauver les deux défunts. Une catégorie d'habitants de l'antique Sitifis remettent, quant à eux, en cause la réconciliation nationale prônée par le président de la République. « Notre diplomatie n'a pas fait l'effort nécessaire pour extirper les deux défunts des griffes de leurs criminels », disent les uns. « Les terroristes d'ici et d'ailleurs n'ont pas de cœur, ne méritent ni amnistie ni pardon, car ils se sont déshumanisés. Le Président, qui fait de la réconciliation nationale son cheval de bataille, doit revoir non seulement sa copie, mais toute la stratégie de lutte contre le terrorisme. La dernière sortie d'Ali Belhadj a démontré qu'on ne peut discuter pacifiquement avec les adeptes de la terre brûlée... », rétorque un autre groupes d'intellectuels et de lettrés des hauts plateaux sétifiens sous le choc.