Les jeunes Algérois trouveront toujours, en dépit de toutes les privations, de quoi s'occuper pour ne pas passer des journées entières à ne rien faire. A Bab El Oued, à Alger, le bonheur est dans un sport qui vient du Brésil : la capoéira. Sur une plage pleine de détritus, à Kaâ Sour, littéralement « le bas du mur », près d'El Kitani, Amine, Nassim, Ahmed et les autres se donnent rendez-vous. Ils se livrent à leur passion : l'entraînement acharné pour développer la technique de capoéira. Nous les observons pendant un moment avant de leur demander ce qu'ils font. Ils disent qu'ils pratiquent la capoéira et précisent que c'est un art martial déguisé en danse. Nous regardons pendant un moment. Notre présence n'a pas l'air de les déranger. Ils reviennent à nous et racontent les difficultés qu'ils rencontrent en pratiquant ce sport. Pas de salle où s'entraîner. Pas de moyens non plus. Malgré tout, ils déclarent ne pas vouloir abandonner. Quoi qu'il arrive, ils continueront à pratiquer la capoéira. Et ils envisagent de l'apprendre à d'autres. Au fait, quelle est l'origine de la capoéira ? C'est une danse venue d'Afrique, précisément d' Angola. Elle a été importée au Brésil par des esclaves traînés de force par les conquistadores au XIVe siècle. Au Brésil, les esclaves l'ont développée pour la rendre plus combative. C'était leur façon de se défendre contre les maîtres qui les maltraitaient. Danser en se défendant ? Ou se défendre en dansant ? Sont-ce là les raisons qui poussent les jeunes Algériens à la pratiquer ? Avec la violence qui règne dans la société, il se pourrait que ce soit le cas. Cela dit, la capoéira n'est pas que violence. Au contraire, c'est un art de bienfaisance qui permet de développer un esprit sain dans un corps sain. La base de la capoéira est la jénga, une danse qui représente des esquives, prépare un enchaînement de coups de pied, suivis de mouvements acrobatiques. Aujourd'hui, la capoéira existe partout dans le monde. Des compétitions sont organisées chaque année aux niveaux local et international, dans les pays qui l'ont adoptée. Ceux qui pratiquent la capoéira sont prisés pour leur talent d'acrobate par le monde des arts et des spectacles : différentes démonstrations sont faites par des capoéristes dans les cirques, casinos, cabarets et autres lieux de divertissement. En Algérie, la capoéira commence à se développer à grands pas. On la pratique dans toutes les régions, et les jeunes sont de plus en plus nombreux à l'adopter. Une aubaine dans un pays où les activités destinées aux jeunes sont rares. Des jeunes doués, pleins d'espoir, qui veulent réussir là où d'autres ont échoué. Ils veulent faire connaître une discipline sportive encore méconnue du grand public. La capoéira a été, pour certains d'entre eux, un tremplin vers l'Europe, comme en France où ils ont eu la chance de se produire dans de nombreux spectacles et où le succès fut au rendez-vous. A se demander quelles sont les raisons qui ont fait que ces jeunes n'ont pu s'épanouir qu'une fois en dehors de chez eux, la réponse paraît simple : la créativité artistique, bien qu'elle soit qu'à ses débuts, n'a jamais fait l'objet d'un intérêt réel de la part des autorités concernées.