Deux des quatre terroristes des attentats ratés du 21 juillet dernier à Londres avaient des relations avec l'Arabie Saoudite. L'un avait téléphoné au royaume wahhabite quelques instants avant de passer à l'action et l'autre y avait subi, durant plusieurs mois, des entraînements militaires l'année dernière. C'est ce qu'a rapporté hier la presse britannique. La semaine dernière, un sénateur américain avait révélé que des fonds en provenance d'Arabie Saoudite continuaient à financer le terrorisme international. Ce genre d'informations n'étonne plus personne. Depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York et Washington, le monde découvre avec stupeur que le Royaume, un pays jugé comme ami de l'Occident, est la plaque tournante du terrorisme islamiste. Et avec une toute autre stupeur, on apprend que 15 des 19 kamikazes qui avaient détourné les avions étaient des Saoudiens alors que, jusqu'à ce jour, aucun ressortissant de ce pays n'est apparu sur une liste de criminels. « Avant le 11 septembre, en Arabie Saoudite, des terroristes récoltaient des fonds, recrutaient et menaient des opérations sans beaucoup d'opposition », avait fini par admettre le président George W. Bush, pourtant ami de la famille royale. Il l'avait prouvé en supprimant une trentaine de pages d'un rapport de la commission parlementaire d'enquête mise sur pied après le 11 septembre. Les 30 pages en question parlaient de l'implication du royaume saoudien. Elle avait découvert que des ONG financées par le gouvernement saoudien ont envoyé de l'argent à Al Qaîda et à d'autres organisations terroristes à travers le monde. La principale d'entre elles était l'organisation islamique internationale de secours plus connue sous son sigle anglais IIRO. En fait, le rôle de l'Arabie Saoudite dans l'émergence de l'islamisme radical ne date pas du 11 septembre 2001. Il a surtout commencé en 1978 avec l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique, la CIA lance un programme de recrutement de volontaires arabo-musulmans pour aller combattre l'Armée rouge. Le royaume wahhabite va jouer un rôle clé dans l'opération. Il devient la plaque tournante pour le financement, l'enrôlement et l'entraînement de ce qu'on appelera les moudjahidine avant qu'ils ne soient envoyés mourir en Afghanistan. L'Algérie a subi, et de façon très grave, les conséquences d'une telle opération. En effet, dès 1980 de jeunes Algériens, pris en charge à l'époque par Mahfoud Nahnah, sont envoyés à Djeddah. Là, leurs passeports leur sont confiqués et, après une formation militaire rapide, ils sont convoyés en Afghanistan. Les survivants qui réussiront plus tard à retourner en Algérie seront des monstres qui feront des ravages parmi la population civile. Malheureusement, les Saoudiens ne vont pas s'arrêter là. Ils vont financer le FIS dès son apparition sur la scène politique, le nouveau prince héritier Sultan le reconnaîtra implicitement en 1991 en annonçant la cessation de l'aide financière au parti de Abassi Madani parce que celui avait soutenu l'invasion du Koweït par l'Irak. Depuis cette époque, si les autorités officielles se sont tues, la presse algérienne dans son ensemble n'avait pas cessé de dénoncer l'Arabie Saoudite comme principal bailleur de fonds du terrorisme islamiste. Mais aucun pays, aussi puissant soit-il, n'avait voulu s'attaquer à un si riche Etat pétrolier. Le wahhabisme continuera à faire des dégâts à travers le monde, là où il y a une trace de l'Islam. Les Tchétchènes, qui ne connaissent pourtant rien à la religion, l'adoptent et deviennent les propagateurs de sa doctrine. Le fer de lance de celle-ci sera incontestablement Oussama Ben Laden qui n'est plus à présenter. Depuis le 11 septembre, les dirigeants saoudiens disent qu'ils n'ont rien à voir avec le terrorisme. Et tout le monde fait semblant de les croire.