A en croire les informations rapportées simultanément par le Washington Post et le New York Times, il existe une grande possibilité pour que l'Algérie opte pour l'envoi de troupes en Irak, dans le cadre d'un plan visant la constitution d'une armée de stabilisation composée essentiellement de soldats venant des Etats musulmans n'ayant pas de frontières avec le pays de Saddam. Les deux grandes publications américaines citent, d'ailleurs, un officiel saoudien, lequel avait estimé que cinq pays le Maroc, l'Algérie, la Malaisie, le Pakistan et l'Indonésie pourraient répondre par l'affirmative au sujet d'une participation militaire musulmane à Baghdad. Cette idée de participation, sur laquelle travaille depuis trois semaines le royaume wahhabite, fut l'objet d'une récente rencontre. Cette rencontre organisée à Vienne (Autriche) a regroupé le ministre saoudien des Affaires étrangères, Saoud Al Fayçal, et le secrétaire des Nations unies, Kofi Annan. Sur un autre plan, le secrétaire général d'Etat Colin Powell, en déplacement chez Al Saoud, avait pour sa part qualifié la proposition saoudienne d'intéressante, alors que le président Bush est allé jusqu'à téléphoner au prince héritier pour discuter avec lui de cette nouvelle démarche. Le Washington Post qui livre cette précision avait mentionné que le porte-parole de la Maison-Blanche, Trent Duffy, s'est limité à dire que le chef de la Maison-Blanche avait uniquement téléphoné au responsable saoudien pour le remercier de l'intérêt qu'accorde l'Arabie Saoudite à la situation en Irak et le féliciter pour l'effort déployé par le royaume pour en finir avec le terrorisme. En somme, ce nouvel épisode de contact entre l'Administration américaine et l'Arabie Saoudite s'inscrit manifestement dans le réchauffement de la relation traditionnelle qui lie les Bush à la famille princière saoudienne. Tony Allens Mills, analyste du Synday Times à Londres, considère que les Etats-Unis, sous-entendu le Président américain (ndlr), sont actuellement convaincus que la meilleure solution immédiate pour contrer le terrorisme en Arabie Saoudite, mais surtout pour sortir du bourbier irakien, réside dans un soutien à la famille royale. Washington et Londres qui avaient, auparavant, douté de la bonne foi des responsables saoudiens sont aujourd'hui sûrs du sérieux de ces derniers dans leur lutte contre Al Qaîda. La publication The Economist abonde elle aussi dans le même sens en évoquant la nouvelle confiance de Bush à l'égard du prince Abdallah. Le journal écrivait : le régime saoudien rendit les frontières moins poreuses, utilisa les télévisions de l'Etat pour contrer le djihad, épura les manuels scolaires de toutes les références haineuses et s'attaqua au problème des transactions financières impliquant des associations charitables. Epoustouflant ! Reste maintenant ce point d'orgue dans l'actuel jeu saoudien présenté sous forme d'une force musulmane en Irak.Et il ne peut d'ailleurs s'éloigner du grand intérêt que portent les monarques wahhabites à la reconduction des républicains lors du vote de novembre 2004, sachant dès à présent que la carte du pétrole risque de ne pas fonctionner, une fois un John Kerry à la Maison-Blanche. Mais l'Arabie Saoudite, soucieuse des contrecoups islamistes que pourrait apporter sa participation militaire, avait déjà pris le soin de ne pas inclure ses troupes, sous prétexte de voisinage avec l'Irak. Quant à Bush, pour lui, la question devient très délicate. Le pourrissement de la situation avec son lot quotidien de soldats tués peut lui être fatal lors des prochaines élections. La solution donc ne peut venir que de Riyad. Le Washington Post qualifie le royaume de pays riche qui a beaucoup d'influence dans le monde musulman, puisqu'il abrite les villes saintes de La Mecque et de Médine.