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Places publiques, places privées !
GUELMA
Publié dans El Watan le 06 - 08 - 2005

A Guelma, il n'y a plus de place... pour/dans les places, enfin les placettes, les places publiques, quoi ! A dire vrai ou autrement dit, les places ne sont plus publiques, mais bel et bien privées ! D'abord, raconter une place publique en Algérie ou ailleurs peut faire défiler tout un pan de l'histoire de l'agglomération où se trouve la place, et partant du pays entier. Pour le cas de l'Algérie, il s'agit principalement de l'histoire de la période coloniale et de celle de l'après-indépendance.
A Guelma, nous verrons des aberrations commises qui en disent long sur cette dernière période. Si bien qu'on semble avoir tendance à regretter le passé colonial ! Cependant, une chose est sûre : il y a inéluctablement une nostalgie pour les repères historiques, témoins visibles, palpables, donc irréfutables, de cette sinistre période de l'ilotisme, des massacres et du « code de l'indigénat » ! Des repères et des édifices détruits par des responsables irresponsables, et qui sont perdus à tout jamais ! De par sa configuration, la place Saint Augustin du village colonial naissant de Guelma bâti sur l'antique Calama, existe toujours. Bien que légèrement inclinée, elle n'en présente pas moins un aspect d'équilibre, et lui font face en l'entourant des quatre côtés, au-delà de la chaussée, des bâtisses style XIXe siècle, au nord l'immeuble Ali Chouchanna avec ses arcades de pierre de taille, au sud celle du café glacier, à l'ouest l'église Saint Augustin, devenue après l'indépendance mosquée Abdelhamid Ben Badis et à l'est le jardin public, qui a été transformé en un vulgaire espace vert douteux. C'est, depuis la naissance de l'agglomération coloniale, l'une des principales places publiques dignes de ce nom, avec son kiosque à musique, et elle le restera jusqu'à quelques années après l'indépendance, jusqu'à l'érection de la petite ville de Guelma en chef-lieu de wilaya. Si elle pouvait parler, si les agrégats la composant ou les arbres qui y sont plantés étaient doués de paroles, que ne raconteraient-ils pas ? Des légendes, des histoires, beaucoup de malheurs... Aujourd'hui, c'est une place quelque peu ombragée d'arbres sylvestres, genre ficus, lesquels tombent un à un de vieillesse ou faute d'entretien ou même à cause des méfaits de l'homme, certains n'existent plus, laissant leur cuvette vide, comme des êtres chers disparus à jamais. Pourtant, rien n'est plus facile de les remplacer en y plantant de jeunes pousses... Pendant la période coloniale, c'était une place interdite aux Algériens qui y passaient en rasant les murs ou la traversaient en baissant la tête. Une place où jouait la troupe philharmonique avec ses cuivres lors des fêtes nationales du maître... de la place, la France. Place qui a vu des baroudeurs épris de liberté, morts au champ d'honneur, exposés par la soldatesque française pour se faire du cœur en leur combat douteux ! Place des yaouled avec leur boîtier de cireur, et dont certains travailleront encore au lendemain de l'indépendance. De mémoire de Guelmi -depuis quelques années- depuis que les autorités chargent des policiers de chasser les enfants pour les empêcher de s'y éclater innocemment, cette place a toujours été conquise par les enfants lors des fêtes des deux Aïd. Depuis bien longtemps et jusqu'à la fin des années 1970, il y avait plein de calèches élégamment décorées avec des chevaux somptueusement harnachés ; pour quelques douros, le cocher vous fait visiter la ville au rythme d'un trot fringant de chevaux heureux de ne plus piaffer d'impatience. Ceux qui n'avaient pas d'argent pouvaient bien s'accrocher derrière en faisant attention à une pluie de coups de cravache !
Repères fichus
Et puis, tout sera détruit, tout sera construit. La place perdra d'abord son kiosque à musique en fer forgé fleurdelisé, puis une bonne partie de son terrain, car des kiosques (de béton) y verront le jour, et s'agrandiront avec le temps et avec l'assentiment de drôles de responsables. En lieu et place du kiosque à musique, la place a vu défiler mille et une constructions et stèles. Presque chaque maire y a mis son empreinte, occasion pour certains de remplir leur jabot à la faveur des travaux. Donc, on construit puis on détruit puis on reconstruit... Décidément, la place, martyrisée, n'a plus une histoire claire à raconter. Néanmoins, elle doit se remémorer son occupation par les grévistes du Fis, où les plats de couscous battaient leur plein, faisaient fureur ! A propos de stèle, aujourd'hui, comme une grosse verrue sur un petit nez, un mastodonte à trois pieds occupe presque le peu de place qui reste de la place, puisque le reste de sa superficie est bouffé par les kiosques et leur terrasse. Ce mastodonte en béton bien sûr est une sorte de fusée figée, donnant l'impression de vouloir grandir pour atteindre la hauteur des minarets de la mosquée Ben Badis en face. La bordure de cette stèle sert toujours de banc pour les retraités, qui y viennent chauffer leurs vieux os au soleil hivernal ! Les pigeons aussi affectionnent ce lieu. Déjà dans la ville coloniale, il y avait d'autres places. Celle du Monument aux morts, devenue après l'indépendance place du 19 mars 1962, qui a vu il y a peu la tête de Marianne décapitée de son obélisque, et jetée dans le parc de la commune, prise mordicus par certains enfants de chouhada, pour celle de Jeanne d'Arc. Il s'agit en vérité beaucoup plus d'un carrefour que d'une place publique. Cette tête avec son obélisque-piédestal a été remplacée par la statue en bronze de Houari Boumediène, qui aurait pu être plus belle ! La place Salluste, baptisée du nom de l'auteur de guerre de Jugurtha, était une belle placette de la vieille ville de Guelma ou le quartier populaire de Bab Souk, où les nationalistes activaient dans l'incognito et préparaient des manifestations pour la liberté. Elle n'existe plus grâce aux bétonneurs de l'indépendance ! Merci, bétonneurs, vous qui avez contribué à faire table rase de la place publique du quartier des indigènes ou des Arabes, à gommer l'histoire, au grand malheur de ces générations et de celles à venir !
Pas de place dans les places
Il y a une place publique créée coûte que coûte dans les années 1980, après la démolition de la bâtisse de la gendarmerie, par laquelle les soldats sont sortis pour casser de l'Arabe un certain 8 mai 1945. Repère historique fichu ! Place créée également par la destruction de l'une des premières écoles françaises, l'école Sévigné, qui était contiguë à l'édifice de la gendarmerie, chargée de mille et une histoires, où les premiers Guelmis chanceux y apprendront que « leurs ancêtres sont les Gaulois ». Un autre repère historique fichu ! Reste dans le même prolongement du terrain, le théâtre municipal, un joyau architectural, bâti en 1880, et d'aucuns avancent déjà l'idée de le démolir, « comme ça, la place du 8 mai sera grande, ce qui permettra aux "familles" de venir y prendre l'air ! » Cette place baptisée 8 Mai 45 est une drôle de place publique, elle est surnommée « place rouge », car l'on y cancane à longueur de journée (et de nuit durant l'été), sur tout et sur rien, où d'ailleurs durant la journée, l'on ne peut circuler sans buter sur quelque chose. Plusieurs kiosques de quatre-saisons, dont certains s'agrandissent d'une manière vicieuse ou avec l'assentiment des « zotorités », jettent en outre leurs tentacules de tables et de chaises, avec les bigarrures créées par les groupes de gens éternellement avachis ; elle est encombrée en son milieu par un bassin d'eau sale, dont le jet marche deux jours l'an, et d'une stèle mastodonte, elle aussi, qui a été déplacée du lieu où fut tombé le premier chahid des massacres du 8 mai 1945, car se trouvant dans un terrain « squatté » par le siège du DRS local... Allez trouver une place dans cette place pour s'asseoir et, s'il vous plaît, prendre l'air ! Quant à organiser une fête en plein air ici ou ailleurs ou même danser en solo, vous pouvez repasser ! Les Guelmis ont perdu des repères de leur histoire pour gagner des kiosques... qui ne servent que... bien entendu du café... ou carrément du jus de chaussettes ! Nous avons omis une chose : les bien-pensants de l'après-indépendance, dans leur frénésie de changer tous les noms français ou à connotation française, ont dépossédé saint Augustin de sa place. Qui lui revient de droit, n'est-ce pas ? Une dénomination caractéristique perdue au profit de place des Martyrs, comme il y en a plusieurs à travers le pays.


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