Dans les pays développés, deux saisons marquent le champ éditorial : l'été et l'automne. Les publications de la saison estivale sont généralement « légères » : des polars, des romans à l'eau de rose, des contes pour enfants, des romans d'aventure et toute une panoplie de numéros spéciaux de revues ou de magazines faisant l'éloge des bienfaits des vacances et du tourisme d'été (où passer vos vacances, comment profiter des bienfaits du soleil et de la mer, les praradis du monde, etc.). En automne, c'est « la grande rentrée littéraire » qui est mise en branle. Tous les éditeurs choisissent cette saison pour publier leurs nouveautés : les nouveaux romans des écrivains consacrés, les best-sellers traduits ou à traduire (généralement, les droits de traduction dans les pays industrialisés sont vendus avant la publication des « probables best-sellers ») et bien-sûr les premiers ouvrages des jeunes romanciers, dont les éditeurs croient dur comme fer qu'ils seront les grands écrivains de demain . En Algérie, devant le recul catastrophique - dû à la régression du niveau de l'enseignement dans notre système scolaire, à l'effritement du devoir d'éducation chez les parents, à la dégradation du pouvoir d'achat de la majorité des familles algériennes, au chômage qui ne cesse de « grossir » et surtout à un retrait total et inexpliqué (?) de l'Etat du champ culturel, au moment où les recettes pétrolières ont atteint leur plus grand record pour le Trésor public - de la lecture, les saisons passent et se ressemblent pour nos éditeurs de livres. Et pourtant, les bons écrivains ne manquent pas dans notre pays. A Paris, nombreux sont ceux qui font la joie des maisons d'édition françaises, et on ne peut pas en dire moins de nos écrivains arabophones qui publient leurs ouvrages à Beyrouth, au Caire ou à Damas. Cet été, comme les précédents, est synonyme, pour les rares lecteurs algériens, de « désert » éditorial. Très peu de nouveaux romans ont été mis sur le marché par nos éditeurs et rares sont les articles de presse qui annoncent ou présentent des romans « valant la peine » d'être lus durant cette caniculaire saison estivale 2005. Dans un pays de plus de 32 millions d'habitants, cela est inconcevable ! Quelles que soient les circonstances, l'inertie des pouvoirs publics algériens est suicidaire, car il est du devoir de l'Etat de promouvoir la lecture (par exemple, l'Etat français dépense, chaque année, des milliards d'euros pour la promotion de la langue et de la culture française) qui est aussi vitale pour le progrès de notre peuple, que le pain et... le logement !