Une gestion de janissaires, doublée d'un petit ferment de jacovinisme attardé, résiste avec une étonnante pugnacité. On l'observe continuellement. Elle résonne furieusement du clairon de la vilenie. Les liens du péché, de la connivence pusillanime, rattachent encore ceux qui ne peuvent pas vivre sans malhonnêteté. Un mien camarade, victime d'un coup bas mesquin, selon ses dires, dut ferrailler âprement pour conserver son poste de travail. Le plus drôle est que les factieux tentaient de lui « raser » le crâne avec force argument de loi. Ils voulaient l'évincer avec les meilleures raisons du monde. Un travail de sacré tordu. Je restais songeur face à son récit. Même l'épée de Damoclès devient étrangement aveugle et concupiscente quand elle est manipulée par des cuistres pour qui la fin justifie les moyens. Machiavel peut reposer tranquillement. Son enseignement est en de bonnes mains. Je ne pus cacher un malaise à l'égard de cette étrange normalité de conduites délictueuses que l'on perpètre avec une glaciale sérénité. Assurément, tous ces codes de la malveillance ne sont pas inspirés par le Mahatma Gandhi. Loin s'en faut. Ils s'imposent surtout par le silence et le consensus implicite. Motus et bouche cousue et malheur au vaincu ! Ceux qui jurent de vouloir profiter des délices de Capoue, tel Hannibal, se façonnent une mentalité qui les rend aptes à ne reculer devant aucun obstacle moral pour parvenir à leurs fins. Le goût licencieux des privilèges ne s'altère jamais. Les petits coteries, les clans et toutes sortes de viviers assurent l'intendance et font durer le plaisir. On n'invente rien, mais plus on évoque mieux cela vaudra. Il y en a même qui peuvent le faire avec le détail de l'acupuncteur. Notre milieu ambiant a vu s'écrire les plus belles pages de la grande histoire du favoritisme, du passe-droit, du népotisme. Partout où se focalisent les fraternités mesquines. On ne cancane pas et on ne sert pas de poncifs, ni lieux communs. La « chose » perdure. Et le modus operandi est loin de rendre l'âme.