Les organisations humanitaires jugent « très grave » la situation alimentaire au Niger, et craignent une détérioration dans les semaines à venir si l'aide internationale n'arrive pas à temps dans les zones sinistrées. Depuis deux semaines, l'aide internationale arrive de toutes parts au Niger, mais les Nations unies et plusieurs ONG l'estiment insuffisante, vu l'aggravation de la situation nutritionnelle, principalement chez les enfants. Selon l'ONU, plus de 2,5 millions de personnes manquent de nourriture au Niger dont 32 000 enfants qui risquent de mourir de malnutrition s'ils ne reçoivent pas les vivres et les soins nécessaires. Les Nations unies ont estimé vendredi qu'il faudrait 80 millions de dollars pour nourrir et soigner, jusqu'en décembre, les personnes souffrant de la famine au Niger. Elles ont motivé l'augmentation des besoins par « une détérioration de la situation humanitaire au Niger, avec une aggravation des taux de malnutrition et de mortalité, notamment infantile ». A celles-ci se greffent les coûts élevés des transports pour acheminer l'aide et les besoins en matériels médicaux. L'organisation internationale indique que sur les 80 millions de dollars sollicités, seuls 25 millions ont été obtenus, même si la Banque mondiale (BM) a annoncé le 5 août le déblocage de plus de 120 millions de dollars. Les ONG mettent aussi en garde contre une éventuelle catastrophe que pourraient engendrer les retards dans l'acheminement de l'aide. « Nous alertons tous les partenaires pour se mobiliser afin d'éviter une catastrophe », a déclaré Jérome Gasneir, un responsable d'Action contre la faim (ACF-Espagne), qui s'attaque à la malnutrition infantile dans la zone de Mayahi (Sud nigérien). « Si l'aide internationale n'arrive pas rapidement, quelque chose de plus conséquent risque de se produire », prévient-il, en insistant sur « les proportions inquiétantes » des cas de malnutrition recensés dans leurs centres. L'intervention doit se faire avant les récoltes, ce qui laisse aux ONG une marge de 6 à 8 semaines pour distribuer les vivres à 2,5 millions de personnes. Si elles ne sont pas assistées d'ici là, la situation se dégradera davantage, selon Gian Carlo Cirri, représentant du PAM à Niamey. Le PAM regrette que faute d'argent, seul le tiers de son programme d'assistance a été financé. La directrice générale adjointe de l'Unicef, Rima Salah, a lancé vendredi à la communauté internationale que la situation au Niger est très grave, en ajoutant qu'il n'est pas trop tard pour sauver beaucoup plus d'enfants.