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Une étape vers une libération totale
Publié dans El Watan le 14 - 08 - 2005

A quelques jours du début du retrait israélien des 21 colonies de la bande de Ghaza, ainsi que de 4 autres colonies isolées dans le nord de la Cisjordanie occupée, prévu le 17 août, les masses palestiniennes veulent bien croire que ce n'est qu'une première étape vers une libération totale des territoires palestiniens.
Cette note d'optimisme est surtout remarquable chez les citoyens qui vivent dans les zones limitrophes de ces colonies, dont le voisinage leur a tellement compliqué la vie. El Watan est allé à la rencontre d'un certain nombre d'entre eux. Oum Mhamad, une femme de 40 ans, habitant à quelques centaines de mètres de la colonie israélienne de Kfar Darom, située au centre de la bande de Ghaza, entre les villes de Deïr El Balah au nord et Khan Younès au sud, nous a déclaré : « Nous avons toujours souffert de la présence des colons israéliens dans notre voisinage, mais notre vie est devenue un véritable enfer durant les années de l'intifadha. Nous avons eu la chance d'avoir gardé notre maison intacte à part quelques impacts de balles sur certains de nos murs. Par chance, personne n'a été blessé, mais après un lancement de roquette par les résistants en direction de la colonie, il y a 3 mois de cela, les soldats israéliens ont fait irruption chez nous et arrêté mon fils aîné de 17 ans. Chacune de nos sorties à l'extérieur de notre maison devenait une véritable aventure. Je n'arrive pas à croire que nous allons bientôt sortir de ce cauchemar. Je ne peux qu'être contente de ce retrait qui signifiera un nouveau départ pour ma famille et celui de mes proches voisins.Quant à mon fils qui n'avait aucune activité militaire, je suis confiante de le revoir bientôt. » Après avoir quitté Oum Mhamad, je me suis rapproché un peu plus du tristement célèbre barrage militaire d'Abou Holi, où les citoyens palestiniens ont vécu tellement de mésaventures. Situé à proximité de cette même colonie de Kfar Darom, à la rue Salah Eddine, principale route reliant le nord au sud de la bande de Ghaza qui permet aux soldats de l'occupation en cas de fermeture de les isoler complètement comme cela se fait fréquemment pour un oui ou pour un non.
Barrage militaire
En ce jeudi 11 août, le barrage était justement fermé. Les Israéliens ont décidé qu'en prévision du retrait, il sera fermé à la circulation à partir de ce jour. Il n'ouvrira que pendant 5 heures. De minuit à 5 h, ainsi que les samedi et vendredi. Chaque jour, des milliers de personnes sont contraintes pour des raisons multiples, travail, études, commerce, voyage à l'étranger, visites familiales... d'y passer. Il a fini par constituer une véritable bête noire pour les citoyens. Certains y ont été tués par balle, alors que d'autres ont péri faute de soins médicaux, le véhicule les transportant vers les hôpitaux de Ghaza ayant été interdit de passage. D'autres ont été arrêtés à ce niveau, sans évoquer les longues heures d'attente que beaucoup ont dû subir dans des conditions climatiques extrêmes de grandes chaleurs en été ou de grand froid en hiver. Ali, un homme de 30 ans, qui s'apprêtait à retourner vers Ghaza, alors qu'il se dirigeait à Khan Younès pour affaires, nous a dit : « Ce n'est pas la première fois que cela m'arrive. Personnellement, ce barrage m'a coûté beaucoup d'argent. Ils disent qu'ils veulent partir, laissons-les aller en enfer. Il faut que cela cesse. La vie devient impossible. Leur retrait est une aubaine pour les citoyens de la bande de Ghaza. Le jour où ce barrage sera levé, ce sera un jour de grand bonheur. » Toujours dans la grande file de voitures qui attendait ne sachant pas encore si la fermeture du barrage était provisoire ou non, Nadia, une jeune fille de 20 ans, les larmes aux yeux, nous a déclaré : « Je comptais rentrer chez moi à Rafah (sud de la bande de Ghaza) comme chaque jeudi, car je suis étudiante à l'université où je suis des cours d'été. Pendant la semaine, j'habite chez des proches à Ghaza. Je suis très inquiète, car je ne sais pas si le barrage restera fermé. Mes parents vont se faire beaucoup de mauvais sang. J'attends le retrait avec impatience. Les études de beaucoup d'étudiants ont été perturbées par ce barrage, je crois que je vais retourner chez mes proches, car l'attente pourrait être longue. » Alors que le soleil tapait dur en cette fin de matinée de jeudi, j'ai décidé de retourner vers Ghaza, mais une maison dont les fenêtres et le balcon étaient bouchés par des sacs de sable a attiré mon attention. Je suis toujours dans l'entourage de la colonie de Kfar Darom. Son propriétaire, Abou Ismaïl, un homme de 50 ans, très accueillant a bien voulu me faire visiter. « Vous savez, cela fait plus de 4 ans que nous vivons quasiment dans la partie nord de notre maison, car la partie sud est en face de la colonie qui est distante de 400 m au plus. J'ai mis des sacs de sable au niveau des fenêtres et du balcon, car une balle est venu se loger un jour dans la salon alors que tout le monde était présent. Par bonheur, personne n'a été touché. Franchement, ni nous ni nos enfants n'ont pu vivre normalement pendant les événements de l'intifadha. Le retrait israélien est une grande chance pour les Palestiniens, mais surtout pour ceux, comme nous, voisins des colonies. Nous allons enfin pouvoir dormir tranquillement. Durant toute cette période, j'avais peur de perdre l'un des miens par une balle perdue. Dieu merci, leur départ devient proche. J'espère que c'est le début de la libération totale. » En quittant cet endroit à haut risque, pessimiste que je suis quant au devenir du reste des territoires palestiniens, Cisjordanie et Al qods, je n'ai pu m'empêcher d'être content pour les citoyens qui vivent dans le sillage des colonies juives ou ceux qui sont contraints de passer par des barrages militaires israéliens, tel celui d'Abou Holi.


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