La place de la Liberté de la presse d'Alger n'existe plus. Elle vient d'être rayée de la carte. Cette place devait, selon une récente interview avec le premier responsable de l'APC de Sidi M'hamed, faire l'objet d'une opération de réaménagement. Une opération qui devait coûter la bagatelle d'un milliard de centimes. Il était prévu la réalisation d'une nouvelle stèle commémorative, d'un kiosque multiservice, d'un fleuriste et d'un espace vert. Les charges locatives devaient, selon ce responsable, être versées annuellement aux familles de journalistes victimes du terrorisme. Enfin, les travaux devaient, en principe, démarrer au début du mois de juin 2004. En principe, puisque, depuis une semaine, cette place a été pulvérisée, sectionnée, massacrée... Elle vient d'être remplacée par une route, ou, pour être plus précis, une « déviation temporaire ». Par souci de la « fluidité de la circulation routière » suite au démarrage, le 15 juillet 2004, du chantier de la trémie Maurétania. Les pouvoirs publics ont opté pour la solution la plus facile, « raser de la carte » un symbole de la résistance nationale pour les libertés individuelles et collectives et celle de la presse privée en particulier au motif de « projet d'utilité publique ». Les 112 journalistes assassinés, dont les noms sont encore inscrits sur la stèle commémorative (toujours présente), méritent-ils cette humiliation ? Ce mépris ? Les pouvoirs publics, invoquant ce prétexte, ont-il pris la peine de prévenir les familles des concernés et les membres de la corporation ? Pour quelles raisons ces pouvoirs publics n'ont-ils pas opté pour une autre solution, celle de trouver une autre issue pour fluidifier la circulation automobile ? Est-il nécessaire de dévier la circulation et supprimer un symbole de le liberté de la presse, alors que la livraison du projet de la trémie et le réaménagement de la place Maurétania sont programmés début novembre ? Pour quelles raisons ceux qui nous ont habitués à des « sorties d'inspection de chantiers et d'inauguration de tronçons routiers » n'ont-ils pas jugé utile d'informer la presse nationale sur ce projet par voie de communiqué de presse ? Pourquoi aucune plaque signalétique, aucun écriteau n'ont été installés pour aviser les citoyens des travaux à entreprendre ? Alger est livrée à tous les vents.