Le spectacle est frappant en arrivant sur le site d'Aswel, à 1700 m d'altitude et que l'on découvre le revêtement en tartan d'une piste d'athlétisme de 400 m, cernée par les pics rocheux du Djurdjura. Il reste donc suffisamment d'ambition en Algérie pour mettre en chantier un projet de cette nature. Ici, c'est l'homme face à la nature, et l'ambition contre la résignation. En parlant du Djurdjura, Mouloud Feraoun écrivait : « Les villages minuscules qui se terrent à son pied ont l'air d'une multitude apeurée qui se prosterne devant un Dieu sévère. » Il faut vaincre une peur insondable pour engager un chantier au sommet de ces immensités rocheuses. Le Comité olympique algérien est sans doute venu à la recherche de son mont Olympe sur les cimes du Djurdjura. La légende raconte déjà que le ministre a été héliporté le jour de l'inauguration, le 14 juillet dernier. La plaque inaugurale, seule construction en béton autorisée par le Parc national du Djurdjura, porte l'inscription : Centre sportif olympique du Djurdjura. En septembre prochain, ce seront des représentants du Comité international olympique qui arriveront pour homologuer le stade et la piste d'athlétisme. La réalisation a coûté 3 milliards de centimes, alors que cela coûte le double pour réaliser un stade dans un cadre habituel, comme nous le dira le directeur du centre olympique de Tikjda. Le rabais de 50% a été obtenu par voie de sponsoring, a-t-il indiqué, ajoutant que le CIO et la Fédération internationale d'athlétisme ont participé au montage financier, aux côtés des sponsors algériens. Un milliard et demi a été également consacré à la rénovation du centre d'hébergement laissé à l'abandon jusqu'à 2004, sous la tutelle du MJS. Le site d'Aswel comprend un stade (gazon naturel prévu fin août), une piste réglementaire de 400 m, trois sautoirs (longueur, hauteur, triple saut), deux aires de lancers (javelot, marteau et poids) ainsi que deux chalets (une salle de musculation et un vestiaire). Le recours aux chalets est rendu obligatoire en raison de l'interdiction du béton par l'administration du Parc national du Djurdjura. La surface totale du site d'Aswel est de 4,5 ha. Les équipements pour les sautoirs ne sont pas installés mais devront l'être avant la venue de la délégation du Comité international olympique. Le centre d'hébergement sportif de Tikjda, situé 7 km en contrebas du stade et à 1400 m d'altitude, a été ouvert le 6 juillet dernier après plus de neuf mois de travaux de rénovation. Patrimoine de la jeunesse et des sports, il était laissé à l'abandon pendant les années d'insécurité avant d'être transféré au Comité olympique en 2004. Donné en « gérance » pour cinq ans, le transfert est devenu définitif depuis la dernière visite ministérielle, selon les indications recueillies sur place. La structure s'appelle désormais « Centre de préparation des équipes nationales en altitude ». Le centre d'hébergement de 260 lits est doté de deux salles de musculation, trois saunas et un étage médical. L'équipe nationale d'athlétisme est la deuxième délégation à séjourner au centre de Tikjda, en préparation des championnats arabe et du monde. Lors de notre passage au centre dans l'après-midi de jeudi dernier, les athlètes étaient pris par une activité particulière : la sieste. L'arrivée du comité olympique sur les monts du Djurdjura a soulevé beaucoup de crainte, parfois des levées de boucliers. Pourquoi cette crispation ? Le directeur du centre de préparation dira à ce propos que l'ouverture du site de Tikjda « n'arrange pas ceux qui reçoivent les enveloppes en devises pour des stages d'entraînement à l'étranger ». Pourquoi aller au Mexique, en Italie ou au Maroc si l'Algérie dispose d'un site de préparation en altitude, fait remarquer notre interlocuteur, soulignant qu'à l'avenir, ce seront des bons de commande qui seront adressés au centre de préparation en Algérie, au lieu et place des enveloppes qui étaient directement remises aux groupes sportifs. L'infrastructure nationale sera au contraire source de revenus en devises, en recevant des équipes étrangères. Avec le temps -qui n'est pas compté en ces lieux-, les tensions vont s'apaiser. Alors, le Djurdjura ne sera pas connu uniquement pour la grotte du Macchabée, il sera aussi réputé pour son stade olympique.