Un espace de 1500 m2 attend depuis cinq années des travaux de réhabilitation : c'est à Boufarik, en plein centre-ville, dans des lieux occupés (environ la moitié du terrain) par quatre familles censées être là provisoirement ! Rabah Kharoubi, 38 ans, vice-président de l'Union de wilaya pour les handicapés moteurs, lui-même handicapé depuis l'âge de 6 ans, tient entre ses mains un projet d'aménagement pour ses 500 adhérents : classes de formation dans divers créneaux, classe pour enfants handicapés mentaux, classe pour l'alphabétisation, auto-école spécialisée pour handicapés moteurs et atelier de réparation et maintenance de fauteuils roulants et tricycles à moteur, sans parler des ateliers pour filles tels ceux réservés à la coiffure ou à la cuisine. « Nous manquons de moyens, mais nous possédons le plus important, à savoir le siège ; trop de promesses nous avaient été faites par nombre d'autorités sans qu'il y ait concrétisation. Nous sommes des êtres humains et les responsables ne se rappellent de nous qu'au moment des élections ! » La même tirade sera assénée par Mme Malika, handicapée moteur, épouse d'un handicapé et qui en veut à tout le monde. Les conditions dans lesquelles le couple vivote sont dignes des comédies du néo-réalisme italien. Marginalisation, mise à l'écart d'une frange de la population locale, alors que quelques-uns de leurs éléments possèdent la volonté nécessaire pour se faire oublier à travers des occupations saines, actives, faisant rentrer assez d'argent pour s'autofinancer par la suite. Les nombreuses requêtes adressées à toutes les instances susceptibles d'intervenir ou d'apporter un soutien semblent rester vaines. M. Kharoubi s'en remet à la première autorité du pays : « C'est le président Bouteflika qui pourra nous aider afin que ceux qui convoitent le lieu ne trouveront plus aucun prétexte. » Il est vrai que 1500 m2 en plein centre-ville de Boufarik, ça peut donner des idées. « Je n'ai jamais cessé de me diriger à Alger dans des voitures qui me prennent 2000 DA la course, parce qu'on doit m'attendre et que je ne suis pas facilement transportable », dira avec une pointe d'humour celui qui est craint par ceux censés « courir » à sa place.Dans son projet, le local prévoit la création de quatre postes de travail et la demande a déjà été adressée au ministre de la Solidarité : « Je veux que monsieur le ministre nous donne la chance ou la possibilité de lui montrer de quoi nous sommes capables. Nous avons perdu trop de temps depuis 1999, date à laquelle on parlait d'ateliers protégés avec même une subvention qui avait été allouée à l'époque d'un montant de quatre millions de dinars et dont nous n'avons pas retrouvé la trace. » Des documents sont montrés où les passations de consignes entre les différents bureaux ne citent point cette aide dont une décision d'attribution existe. Les handicapés moteurs de Boufarik ne demandent pas l'aumône ! Ils possèdent la volonté de s'en sortir pour peu que leur démarrage soit soutenu.