A quelques jours du lancement de la campagne vendanges, la filière viniviticole vient de faire l'objet d'un véritable traitement de choc. Ainsi, les prix à l'achat du quintal des raisins de cuve viennent d'être réajustés drastiquement à l'initiative de l'ONCV, le principal vinificateur du pays. Il a été suivi par les autres transformateurs qui attendaient sa décision pour arrêter leurs prix d'achat. De la sorte, ceux du quintal d'Alicante et de Grenache sont fixés à 2000 DA, celui du Cinsault à 1700 DA, mais rien pour le Merseguerra. Pour ce qui est des cépages améliorateurs, ceux développés par une filiale de l'ONCV à travers les fermes pilotes qui lui avaient été concédées, les prix sont de 2800 DA le quintal tant pour le Syrah, le Cabernet Sauvignon, le Merlot que le Pinot. Il y a lieu de signaler que la différence de prix tient au fait que les pieds de vigne de ces derniers sont peu producteurs, d'une part, et, d'autre part, que ce sont eux qui font la qualité d'un vin. Prévisible, voire attendu, ce traitement devait être administré à la viniviticulture depuis quelques années déjà de façon à mettre fin aux errements que favorisait une insuffisante politique de réhabilitation. En effet, selon les chiffres de l'ITAF, si le PNDA a fait passer les 20 750 ha en 1999 à 45 380 en 2003, la gamme de cépages plantée ne correspond pas aux besoins de la transformation. De la sorte, l'encépagement est dominé par les cépages doubles fins (Cinsault et Merseguerra) pour plus de 60% alors que leur limite devrait tourner autour de 20%. Il reste maintenant à savoir si la sanction commerciale infligée aux viticulteurs qui ont majoritairement planté du double fin, va redresser la situation dans le sens d'un rééquilibrage de l'encépagement. Pour d'aucuns, rien n'est moins sûr dans l'état actuel des choses. Tout d'abord l'impact négatif, pécuniairement s'entend, de cette décision sur les viticulteurs va être atténué par les excellentes promesses des prochaines vendanges tant pour ce qui est de la quantité que de la qualité de la production. En effet, la maturation s'est effectuée en douceur, sans aucun méchant coup de Sirocco ni maladie cryptogamique. Ensuite, et même si les transformateurs ont promis de prendre en charge, exceptionnellement cette année, toute la production de façon à éviter des troubles au sein du monde agricole, il est fort à parier qu'une bonne partie de la production va s'orienter vers le marché en frais pour peu que celui-ci s'organise et que les prix qu'il offre actuellement demeurent aussi attractifs. Cependant, il n'en reste pas moins que des questions essentielles vont demeurer pendantes. En effet, si l'ONCV peut se tirer à assez bon compte avec les cépages améliorateurs dont il dispose auprès de sa filiale, qu'en sera-t-il pour les sept autres transformateurs qui tentent de s'imposer sur le marché national ? Qu'en sera-t-il pour d'éventuels investisseurs étrangers intéressés par le label algérien et qui, eux, peuvent permettre aux vins algériens de trouver davantage place sur le marché mondial, mais qui ne pourront disposer d'un encépagement adéquat ? Par ailleurs, au-delà de cette question, il y a encore celle de l'outil de transformation qui se trouve être obsolète alors qu'ailleurs l'on est à une viticulture de précision. C'est dire que tout demeure encore à faire.