La flambée des cours de l'or noir entraîne une augmentation des charges de carburant des transporteurs aériens, mais certains d'entre eux parviennent à tirer leur épingle du jeu. Les prix du pétrole brut et du kérosène ont de nouveau grimpé, atteignant des niveaux record, déclarent vendredi les compagnies nationales mondiales, qui se voient obligées de réviser leurs suppléments kérosène à la hausse. Air Algérie ne serait pas à l'abri de ces augmentations, mais la compagnie nationale qui est en pleine période de renouveau et de séduction du marché international ne suivrait pas le rythme croissant des prix pratiqués par ses concurrentes. Entraînant ainsi les compagnies étrangères desservant l'Algérie à observer une trêve dans l'augmentation des prix. En effet, ces dernières n'attendent qu'un signe de la compagnie locale pour réajuster leurs tarifs. Cette mesure concerne tous les billets au départ des pays européens et américains émis à partir du 12 juin. Les grosses compagnies de transport aérien observent sans relâche la courbe du prix du carburant et se réservent la possibilité de procéder à de nouveaux ajustements en fonction de l'évolution du marché du pétrole brut. Un avantage pour les compagnies "low-cost" D'autres transporteurs semblent pourtant moins touchés: dans ses publicités électroniques, la société EasyJet indique: "Contrairement aux autres compagnies aériennes, nous ne facturons pas de frais additionnels pour compenser le prix du carburant." Une stratégie qui semble payante. Hier, la compagnie à bas coût a annoncé avoir enregistré une hausse de 15,2% du nombre de passagers sur les douze derniers mois, par rapport à l'année précédente. Certains responsables de compagnies européennes affichent leur confiance absolue dans le modèle d'affaires d'EasyJet: "Les compagnies qui exploitent des vols long-courriers sont bien plus touchées par la hausse du kérosène. Les gens vont peut-être renoncer à des vacances en Thaïlande au profit d'un vol européen "low-cost." En outre, EasyJet bénéficie d'une flotte d'avions très récents (2,7 ans en moyenne) peu gourmands en carburant. "Nous allons toutefois accélérer le remplacement de nos Boeing (BA) 737", précise-t-on en Espagne et en Suisse. D'autres compagnies se prémunissent contre la hausse du pétrole par le "fuel hedging" ou couverture sur les carburants grâce à des achats à terme. Ainsi, Air France s'est déjà assuré 78% de ses besoins en pétrole pour l'exercice 2008-2009 à un prix fixe entre 70 et 80 dollars le baril. Le coût des carburants représente toutefois près de 35% des dépenses totales de la compagnie française, contre seulement 5% il y a dix ans. Mais cette politique permet une meilleure prévisibilité des dépenses, explique une porte-parole. Lufthansa (LHA.XE) qui bénéficie également d'une couverture sur la hausse du pétrole. Chez EasyJet, environ 40% du pétrole qui sera utilisé au deuxième semestre de l'exercice (entre avril et septembre) est garanti à un prix moyen d'environ 75 dollars le baril, indique le directeur régional de la compagnie. Pas d'avions bloqués au sol Brussels Airlines mène aussi une politique de couverture et ne prévoit pas de risque pour l'instant de devoir garder des avions au sol. "Mais ce n'est pas exclu pour le futur", précise -ton du côté de la compagnie belge. Néanmoins, tous reconnaissent une répercussion sur les billets les plus avantageux. Diverses mesures visent à abaisser la consommation de carburant, comme voler moins vite ou alléger les avions de tout surpoids inutile. Beaucoup de compagnies pratiquent aussi la couverture sur une partie du carburant, mais cette politique ne garantit pas des prix fixes. La couverture fonctionne seulement comme une assurance qui protège des sauts extrêmes, vers le bas comme vers le haut.