Le FFS cherche à construire une alternative démocratique pour contrer ce qu'il considère comme une nouvelle tentative de mise au pas de la société via la promotion de la culture de « l'allégeance au pouvoir ». La commémoration organisée hier au mémorial d'Ifri, à quelques mètres seulement de la maison qui, à partir du 20 août 1956 et pendant plus de 10 jours, avait abrité les travaux du congrès de la Soummam, s'est voulue l'un des moments fondateurs de la nouvelle démarche, avec notamment la présence de Youcef Khatib, appelé colonel Si Hacène. L'ancien officier de la Wilaya 4 historique, et non moins ex-candidat à la présidentielle de 1999, est venu certes apporter un témoignage sur la Révolution et sur le congrès qui l'a doté d'outils d'organisation, mais sa présence a été perçue, comme celle de Mouloud Hamrouche et de Abdelhamid Mehri le week-end dernier à Alger, comme le signe d'un déploiement conçu comme le plus fédérateur possible. Au demeurant, des indiscrétions n'hésitent pas à annoncer la constitution d'un front d'opposition commun dans les semaines à venir, mettant à contribution des cadres sociaux et des personnalités nationales autonomes. Youcef Khatib a été catégorique. S'il y a bien un événement qui a déterminé la réussite de la guerre de libération, c'est bien le congrès de la Soummam et les principes qu'il a édictés. Entres autres et surtout ceux préconisant la primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur. Deux principes qui portent l'empreinte de Abane Ramdane et qui furent à l'origine de tensions. Dans la foulée, l'orateur, qui se base sur des témoignages d'époque, joindra sa voix à celles nombreuses qui estiment que l'engagement de Abane Ramdane sur ces deux points lui a valu de profondes inimitiés qui ont abouti à son assassinat. Revenir à l'esprit de la plate-forme de la Soummam, qui n'est pas le fait d'un seul homme mais celui d'un consensus dégagé par tous les présents au congrès, a insisté le colonel, est une tâche à laquelle doivent s'atteler les militants de la démocratie, a conclu l'invité du FFS qui souhaite voir l'encadrement des autres wilayas historiques suivre l'exemple de la Wilaya 4 pour préserver la mémoire authentique de la Révolution, et ce, à travers la création de l'association Mémorial Wilaya 4 historique, dont il est le président. Ali Laskri, premier secrétaire du FFS, et devant une foule nombreuse composée essentiellement de militants, mais aussi de citoyens venus en pèlerinage à Ifri, avertira, quant à lui, contre les dangers de l'« extinction du politique » dans le pays. Pour lui, « le pouvoir table désormais sur la constitution d'un réseau d'allégeance en puisant dans la manne financière et encourage la résurgence des archaïsmes pour étouffer définitivement l'expression politique ». L'alternative ? La mobilisation des cadres sociaux et des personnalités nationales autonomes autour d'une réflexion à même d'expliciter « les véritables enjeux de la crise ». Dans la matinée, les militants du FFS venus de toutes les localités de la région ont improvisé une marche qui les a menés du siège de la section locale d'Ouzellaguen, chef-lieu communal, vers le cimetière des martyrs de la Révolution, puis vers le carré érigé dans l'enceinte de l'APC et où reposent, depuis avril 2001, les dépouilles de cinq jeunes victimes des émeutes du printemps noir.