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« Les démocrates doivent se mettre autour d'une table et discuter »
Abdelhak Bererhi. Secrétaire général du CCDR
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2007

Seul un front uni des démocrates est en mesure de sortir le pays du blocage politique. Abdelhak Bererhi explique ici pourquoi.
Où en est le Comité de coordination de défense de la République aujourd'hui et que répondez-vous, M. Bererhi, vous qui en êtes le secrétaire général, à ceux qui vous contestent le droit d'être un démocrate, au motif que vous avez été longtemps dans la sphère du pouvoir ?
Le CCDR est resté égal à lui-même, toujours fidèle à ses principes de défense des droits et libertés et de soutien à tous les mouvements de progrès ; il reste porteur du projet de société républicain moderne et de progrès. Il continue à croire au rassemblement des démocrates. C'est dans la poursuite de cette démarche qu'il a initié le Collectif d'initiatives démocratiques avec un programme de sept objectifs. Dans ce cadre, un groupe sectoriel sur le devoir de mémoire est à pied d'œuvre, celui de la Charte de la citoyenneté se met en place dans les jours qui viennent comme celui de l'Observatoire des droits et libertés. C'est un travail de longue haleine. La question personnelle que vous m'avez posée s'adresse aussi à beaucoup de démocrates dont certains ont payé de leur vie leur lutte contre l'intégrisme et le fascisme. De l'indépendance jusqu'à la fin des années 1980, le pays a vécu sous le régime du parti unique. Certains algériens s'exilèrent pour constituer une opposition. D'autres apportèrent un soutien critique au pouvoir et luttèrent courageusement pour défendre tout ce qui était progressiste et porteur d'espérance démocratique. Durant cette période, des cadres honnêtes et compétents, des femmes et des hommes politiques ont apporté leur contribution à l'édification du pays, en œuvrant, comme vous le dites, dans les sphères du pouvoir. Devaient-ils le faire ou mettre la clé sous le paillasson en laissant le pays livré à ceux qui prirent le pouvoir par la force et à leurs descendants, s'appuyant sur des opportunistes, sur quelques rares intellectuels organiques, qui auraient fait de l'Algérie un pays du quart monde ? L'Algérie aura-t-elle été la Mecque des révolutions, le fer de lance des non-alignés et du nouvel ordre économique mondial en 1973 ? Les défunts Malek Haddad, Benyahia, Lacheraf... des hommes intègres comme Saïd Mazzouzi et d'autres ont consacré à l'Algérie le meilleur d'eux-mêmes. Qui oserait les taxer d'hommes du système ? De même, le socialisme, la révolution agraire, le volontariat... ont été portés à bout de bras par ceux-là mêmes qui devinrent parmi les fondateurs et les fleurons de la presse indépendante. Ils se battent pour les libertés malgré le harcèlement du pouvoir. Certain(es) payèrent de leur vie, avec leurs collègues de la presse publique, leur engagement. Peut-on pour autant les qualifier d'avoir été les hommes du système ? Pour ma part, je crois en toute humilité appartenir à cette famille d'hommes et de femmes qui se sont battus à l'intérieur du système pour l'édification nationale. J'ai participé à cette bataille, d'abord en tant que médecin, formateur et chercheur. J'ai contribué à la formation de milliers de médecins et à être parmi les initiateurs de la recherche au plan national. Avec mon ami, le regretté Benyahia, j'eus le privilège de participer au lancement de la réforme de l'enseignement supérieur et à la construction de l'université de Constantine, une aventure extraordinaire où je forgeais mes premières armes de la démocratie. J'avais entre temps abandonné mon laboratoire de recherche à Alger et refusé une offre mirobolante du Canada. Arrivé par « effraction » dans la politique, responsable d'un secteur stratégique, je fus l'un des artisans de la carte universitaire, et ce, dans le processus de démocratisation de la formation. Durant cette période, recteur ou ministre, je faisais mon apprentissage de la vie démocratique : assemblées générales, débats contradictoires avec les étudiants et les enseignants, avril 80 et le printemps berbère, organisation de deux conférences nationales universitaires véritables assises ; la seconde conférence tenue en 1987 me coûta en grande partie mon changement de ministère pour des raisons que j'expliquerai en temps opportun. Durant « les années rouges », je déclinai un poste à Nice, préférant rester dans mon pays. Je fus désigné sénateur. Je rencontrais alors d'autres femmes et hommes démocrates. Le CCDR vit le jour à cette période, juste avant la démission du président Zeroual. Ce fut pour moi un tournant déterminant pour le combat démocratique. Avec les partis démocrates, les associations, les syndicats, les journalistes, la lutte se poursuivit et se poursuit encore. Marches, meetings, déclarations, articles de presse, rassemblements ont été parmi les formes de lutte pour les libertés démocratiques. Ma démission du Sénat avec trois de mes collègues et amis a été l'expression du ras-le-bol vis-à-vis d'un système incorrigible même de l'intérieur de ses institutions. Le soir d'un certain 8 avril 2004, je fus agressé, jeté par terre et frappé pour avoir osé avec une poignée d'irréductibles dire non à la mascarade électorale présidentielle. C'est dans l'action qu'une femme ou un homme se détermine. Je crois sincèrement que j'ai agi en mon âme et conscience en démocrate, pour la liberté et la démocratie, hier, comme je le fais aujourd'hui, comme je continuerai à le faire demain. Mais tout cela est insignifiant, à côté de ce que nos aînés du 1er Novembre 1954 ont déclenché et de ce qu'ils ont donné et apporté à l'Algérie, et de toutes celles et de tous ceux qui ont payé de leur vie leur engagement pour la démocratie.
Des contacts ont lieu entre différentes personnalités politiques en vue de faire émerger un rassemblement démocratique. Qu'est-ce qui motive cette démarche et pourquoi aujourd'hui ?
Avec le CCDR, nous avons toujours œuvré pour rassembler les forces démocratiques en un pôle démocratique fort. Plusieurs tentatives ont été faites en direction des partis démocrates, des personnalités politiques connues et des associations de la société civile. La démarche pour un rassemblement démocratique n'est pas la première du genre puisqu'en 1998 pour les présidentielles et en 2001 avec la Coordination des démocrates algériens (CDA), des tentatives ont été menées et n'ont malheureusement pas abouti. Des appels ont été lancés par la suite à plusieurs reprises et même un manifeste pour une Alternative démocratique et des états généraux républicains a été publié le 16 avril 2002. Aujourd'hui, nous avons appelé à la création de Collectifs d'initiatives démocratiques à travers le pays pour impliquer davantage les citoyennes et les citoyens qui ont toujours appelé à ce rassemblement. Le pouvoir ayant verrouillé toute vie politique démocratique, il était urgent de réagir. La situation est beaucoup plus préoccupante avec l'alliance islamiste-conservatrice qui s'est mise en place, la menace intégriste qui persiste, le recul politique après les espoirs déçus du début des années 1990 et avec le verrouillage de toute vie politique. Notre démarche vise donc à construire progressivement un front capable de changer le rapport de forces, en faveur des démocrates, pour une alternative démocratique.
Qu'est-ce qui a fait reculer, toutes ces dernières années, l'expression démocratique dans le champ politique ? L'hostilité du pouvoir est-elle la seule cause ?
L'expression démocratique dans le champ politique n'a pas reculé. Elle s'est manifestée toujours dans les moments forts. Dernièrement, en 2004, croyant à une transition démocratique possible, elle a pu mobiliser de nombreuses troupes. Ce ne fut malheureusement qu'un leurre entretenu par un pouvoir qui a montré son incapacité à un réel changement. Cette expression démocratique a été plutôt attaquée de différentes manières par un pouvoir qui a cherché à l'affaiblir et à la diviser. Tous les moyens étaient bons pour arriver à ses fins. La répression des libertés d'expression a atteint son apogée avec la disparition du Matin, les procès en série des journalistes, les arrestations et les emprisonnements — celui de Benchicou fut parmi les plus retentissants —, les libertés syndicales réprimées, les « redressements » et les mouvements de dissidence dans les partis démocrates... font partie des moyens qu'a utilisés le pouvoir. Cependant, le laminage entamé par le rouleau compresseur du pouvoir a bénéficié du manque de coordination entre les forces démocratiques, du manque de concertation et de dialogue pour s'unir et agir ensemble.
Compte tenu du verrouillage du champ politique, un front démocratique a-t-il des chances de voir le jour et surtout d'arriver à peser sur la scène politique ?
Oui, cela est possible ! Il faut cependant créer les conditions de la convergence des forces démocratiques, en tirant les leçons du passé, notamment des tentatives avortées en 1998 et en 2001. La société civile, perplexe et déboussolée, s'interroge et appelle de tous ses vœux la constitution d'un tel front. Elle a montré par le passé ses capacités extraordinaires de mobilisation à des moments difficiles, notamment pour appeler à l'arrêt du processus électoral de 1991. Le moment est venu pour les démocrates de faire le point et de faire leur autocritique. Ils doivent se mettre autour d'une table et discuter. La convergence vers un front uni des démocrates est vitale. Refoulant ego, tout idée de leadership et toutes divergences secondaires pour se mettre d'accord sur le minimum républicain et changer le rapport de forces actuel. Aller unis et solidaires est fondamental dans la lutte pour le redressement et le renouveau. Partir en rangs dispersés, c'est courir à l'échec encore une fois et donner au pouvoir l'alibi démocratique toujours recherché en ramassant des miettes.
Comment jugez-vous le niveau des libertés publiques et individuelles dans le pays ?
Elles sont en net recul. Les acquis d'octobre 1988 et du début des années 1990 sont en train de fondre comme neige au soleil et par les actions de boutoir du pouvoir et par l'absence de convergence des forces démocratiques pour contrer cette régression. Cette dernière se traduit au quotidien par des intimidations, une répression impitoyable de toute manifestation, le verrouillage des médias lourds au profit du seul pouvoir. Agréments de partis et d'associations sont refusés, interdiction de tenue de congrès à un parti légal (le MDS), réunions citoyennes interdites, refus de légalisation des syndicats autonomes, tous les procédés sont utilisés pour étouffer les libertés. Le message du pouvoir est clair : se soumettre ou disparaître ! L'état d'urgence a beau jeu et devient la raison officielle de ce verrouillage. Aveugle, autiste, le pouvoir joue avec le feu par un tel cadenassage, l'explosion de la rue restant l'unique alternative si cela perdurait.
Beaucoup de syndicats indépendants sont arrivés à se faire reconnaître comme des interlocuteurs à défaut d'être reconnus. Est-ce là un signe de l'essoufflement du pouvoir ou bien un recul tactique ?
Le pouvoir a été bousculé par la ténacité des syndicats indépendants. Leur détermination et leur capacité de mobilisation ont démontré encore une fois que le pouvoir recule devant un front organisé. Le côté tactique de ce pouvoir repose surtout sur la manipulation, la division de tout mouvement social, l'intimidation et la répression. Ceci montre aussi que le système actuel est essoufflé après avoir essayé toutes les pressions possibles, recourant jusqu'aux tribunaux pour décourager toute velléité. Le succès de la lutte syndicale est un exemple à méditer pour toute démarche de rassemblement démocratique.
Comment analysez-vous les tergiversations, voire les hostilités, au sein du pouvoir sur le dossier de la révision de la Constitution ?
Toutes les tergiversations fluctuent avec l'humeur du gouvernant. Tous n'attendent qu'un signal fort pour accourir et soutenir n'importe quel projet, soumission et allégeance obligent. Alors que des institutions croupions ont apporté leur soutien à un projet de révision qu'ils n'ont jamais vu, d'autres, par le jeu de leurs discours contradictoires, font partie de la mise en scène pseudo-démocratique. Les questions de fond ne sont jamais soulevées et débattues démocratiquement ; comme par exemple, la nécessité ou non de réviser la Constitution. Le pouvoir affectionne le flou en lançant des ballons d'essai. Toujours est-il que si la révision constitutionnelle devait avoir lieu, le projet doit être l'objet d'un large débat (le projet de charte nationale du temps du parti unique a été débattu à tous les niveaux). Ce qu'on peut affirmer à ce jour, c'est que cette révision n'a pas lieu d'être si c'est uniquement pour élire un Président à vie ou renforcer le régime présidentiel. Par contre, elle s'impose pour conforter les balises républicaines et éviter tout dérapage extrémiste, pour consacrer la séparation des pouvoirs, notamment l'indépendance de la justice, pour renforcer les libertés démocratiques et séparer le politique du religieux...
L'économie algérienne, jusque-là sinistrée, est-elle en passe d'être définitivement remise sur les rails ou bien n'est-elle que renflouée par l'abondant argent du pétrole ?
L'argent du pétrole a renfloué les caisses de l'Etat qui n'a jamais été aussi riche. Mais la paupérisation et la misère n'ont jamais été aussi criantes. Les classes moyennes sont laminées, les classes pauvres survivent dans des conditions épouvantables. C'est vrai, d'importants investissements sont engagés pour des infrastructures lourdes qui sont nécessaires au pays. Mais où sont donc les investissements productifs ? Les investissements générateurs de richesses ? L'économie de bazar se renforce, le marché informel devient tentaculaire. Les réformes annoncées à grands cris marquent le pas. La politique de privatisation se fait en dents de scie avec des déclarations contradictoires, au gré des conjonctures. La restructuration industrielle tant attendue et promise reste au stade d'intentions. Des réformes bancaires annoncées, on ne voit que des scandales financiers invraisemblables, des détournements dont les chiffres donnent le tournis. La corruption et la bureaucratie frisent les cimes de l'exploit. Les investisseurs étrangers promettent, mais restent dans une expectative prudente. En fait, deux indicateurs majeurs résument le tout. D'abord, le discours du chef de l'Etat devant les cadres de la nation est une sentence sans appel et un aveu de l'échec d'un mandat et demi de pouvoir et de celui de tout le système. D'autre part, les procès retentissants intentés aux banques constituent en soi le procès du système dans son entier. Parlant de l'avenir des générations futures, face à une jeunesse désespérée, chômeurs, hittistes et harraga confondus, le pouvoir devrait méditer cette phrase du prix Nobel de la paix 2006, inventeur du microcrédit, Muhammad Yunus : « Nous voulons un monde où nos enfants et nos petits-enfants seront obligés d'aller dans les musées pour savoir ce qu'était la pauvreté. » Après toutes les promesses non tenues et les discours populistes et démagogues, le citoyen s'interroge si la supercherie n'a pas été érigée en modèle de gouvernance !
Une année de la culture arabe à Alger à gros budget n'est-elle pas une sorte d'arbre qui cache la forêt, c'est-à-dire la détresse culturelle de la population algérienne ?
Souvenez- vous du Festival panafricain de juillet 1969 ! C'était la fête de l'Afrique dans les rues, sur les places publiques, dans les stades, dans les salles de spectacles... C'était la joie spontanée des citoyennes et des citoyens qui participèrent pleinement à ce grandiose événement. L'Afrique n'était pas confinée dans les mondanités officielles ou dans des salles au profit de « privilégiés ». Triste année de la culture arabe, triste capitale Alger ; gros budget, pauvres spectacles. La culture ne se bâtit pas sur des opérations de prestige. On ne comble pas un vide culturel sidéral qu'on a laissé s'approfondir d'année en année, par des actions ponctuelles d'éclat ! L'Algérie est orpheline de grandes femmes et de grands hommes de culture pour la plupart disparus (Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mohammed Dib, Rachid Mimouni, Abdelkader Alloula, Azzedine Medjoubi...). Ils étaient à la fois le génie créateur et le réceptacle de la culture universelle. L'Algérie, fraîchement indépendante, est montée sur les plus hautes marches des podiums de la culture mondiale (Lion d'or de Venise pour La Bataille d'Alger, Palme d'or du festival de Cannes pour Chronique des années de braise, oscar du meilleur film étranger à Hollywood pour Z). Où est donc cette Algérie ? La consécration de la première femme arabo-africaine, Assia Djebbar, élue à l'Académie française, a été vécue comme un non-événement ! Des comédiens, des artistes, des hommes de culture vieillissants, malades lancent des appels de détresse pour être entendus. Le devoir de mémoire concerne également le secteur de la culture. Il consacre l'histoire d'un peuple et de tout un pays. La médiocrité s'est installée ! Le budget consenti aurait gagné à être investi dans la formation et dans la recherche dans ce domaine stratégique qu'est la culture, dans la protection de ce qui nous reste comme patrimoine culturel, ainsi que dans la lutte contre l'analphabétisme et l'illétrisme qui se propagent à une allure vertigineuse. La détresse culturelle qui frappe l'Algérie est à l'image de celle des autres secteurs sinistrés, et ils sont nombreux, dans la mesure où il n'y a pas de projet de société cohérent adopté sur la base du dialogue et de la concertation citoyenne.


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