Les poètes du Tiers-Monde ont, généralement, produit des poèmes engagés. Les problèmes inextricables de leur pays les ont toujours captés. Rares sont ceux qui ont chanté les plaisirs de la vie. Pourtant, il existe une beauté subtile, œuvre de l'imagination qui traduit la substance évanescente des choses dans des impressions fournies par la vie. Le poète camerounais Epanya Yondo Elolongué(1), à l'instar de ses confrères du Tiers-Monde, a, lui aussi, chanté « les bienfaits de l'indépendance », mais il a compris très tôt qu'il fallait donner à la poésie camerounaise un souffle libérateur. Dans sa poésie, on découvre que la réalité comporte comme des prolongements spirituels, démentis en apparence seulement par la vie en ébullition et que notre poète a captés dans des poèmes inspirés, dont celui qui fait l'éloge de la plage : « Nous nous retrouverons Au pied du petit village Baigné par une plage lumineuse Comme la source qui arrose Le cours d'eau Qui se jette dans la rivière Qui baigne dans le fleuve Qui tend un bras d'eau à la mer Qui se perd dans l'océan En une symphonie liquide Dont je voudrais l'image de l'homme. »(2) Epanya Yondo Elolongué, comme tous les poètes de sa génération, n'oublie pas les souvenirs traumatisants des luttes intestines pour le pouvoir dans son pays, mais il a toujours chanté l'unité même en étant « sur la plage » : « Nous nous retrouverons Au pied du petit village Baigné par une plage lumineuse Et guidés par l'unité De nos forces vives reconquises Nous replanterons nos corps A l'avant des ouvrages titanesques Et des tempêtes coléreuses. » En rupture de ban avec les conventions ornementales du style pseudo-classique, Epanya Yondo Elolongué a chanté la vie dans un lyrisme instinctif. (1) Né le 8 mars 1930 à Douala. (2) Kamérun ! Kamérun ! recueil de poèmes - Editions Présence africaine - Paris - 1960.