La marchandise provenant de l'Algérie, via les circuits informels, occupe plus de 90% des parts du marché au Maroc », a déclaré avant-hier Tarek Yahia, président de la Chambre du commerce, de l'industrie et des services (CCIS) de la région de Nador (Maroc) lors de la signature d'un accord de partenariat et d'échange avec la Chambre du commerce de Tizi Ouzou, à l'hôtel Lalla Khedidja. Etaient présents à cette rencontre, des industriels, locaux et marocains, et le président de la CCI Soummam de Béjaïa. M. Yahia a affirmé que le Nador sert de base arrière pour l'économie informelle. Selon lui, en matière d'impôts, les pertes causées à l'Algérie se chiffrent à plusieurs milliards de dinars. « La plupart des produits transitent par voie maritime, entre le port de Ghazaouet et celui de Nador », explique-t-il en précisant qu'en dehors des hydrocarbures, l'électroménager algérien et différents produits de biscuiterie sont fortement commercialisés. Le commerce des pneus est aussi florissant au Maroc, dira l'hôte de Tizi Ouzou qui ne manque pas de rappeler l'origine informelle des produits cités. Les deux partenaires, algériens et marocains, affirment que la rencontre de jeudi vise à « créer une dynamique intérieure entre les chambres de commerce de nos deux pays qui permettra à nos entreprises de trouver les meilleures alliances. Construire un avenir commun dans le cadre d'un véritable partenariat. L'union du Maghreb doit se construire économiquement. Le cas de l'Union européenne qui a conforté son marché intérieur avant de s'engager dans le marché du libre-échange est le meilleur exemple pour nous ». Selon eux, « ce sont les relations politiques souvent mauvaises entre les deux pays qui ont tout bloqué en dépit de l'importance des enjeux économiques ». Interrogé sur le problème de la fermeture des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc, considérée comme une grande entrave à la concrétisation du partenariat entre les entreprises des deux pays, M. Tarek répondra : « Il faut inverser la situation de manière à dire à nos responsables politiques que nous voulons travailler ensemble et d'une façon volontariste. » Et d'ajouter avec une forte conviction : « Le politique se stabilise avec la création de liens économiques forts. Les conflits politiques entre le Maroc et l'Espagne sont vite réglés vu l'importance de l'échange économique entre les deux pays. De toute manière, si nous demandons, nous les industriels, les frontières peuvent être rouvertes. » M. Medjkouh, président de la Chambre de commerce de Tizi Ouzou, est lui aussi du même avis. « Le défi est commun, d'où l'urgence de démarrer un processus d'échange entre les entreprises algériennes et marocaines. L'heure est au regroupement pour donner une impulsion par la base », insiste-t-il, se justifiant par les similitudes socio-historiques et identitaires entre les peuples des deux Etats. « Le reste viendra après et progressivement », ajoute-t-il, faisant allusion au rétablissement des relations politiques entre l'Algérie et le Maroc et à la réouverture des frontières. A ce propos, M. Yahia déclare que les compagnies maritimes du Nador sont prêtes à établir une liaison, une fois par semaine, avec le port de Béjaïa. Dans le souci de bien concrétiser leur accord, les initiateurs de la rencontre de jeudi déclarent qu'un séminaire aura lieu dans les prochains mois. Des responsables politiques seraient invités à participer à une rencontre purement économique. « C'est pour les sensibiliser à l'importance d'un partenariat économique algéro-marocain et auquel peut s'ajouter la Tunisie », conclut M. Yahia.