Les 45 familles de la cité Dragados occupée par des ex-cadres de l'entreprise-mère ECVE étaient loin de se douter qu'une opération de démolition de leurs chalets allait être entamée à leur insu. Mais mal leur en a pris, puisque les décideurs de l'hôtel de ville ont bel et bien joint le geste à la parole en s'attaquant à l'aide d'un pelle mécanique à la clôture extérieure de la cité, en présence de la force publique, mercredi vers 9 h. Cette intervention on ne peut plus musclée déclenchera la fureur des jeunes du quartier qui barricaderont la route menant vers Grarem à l'aide de troncs d'arbres et de divers objets hétéroclites, tandis qu'une épaisse fumée noire se dégageait de l'amas de pneus brûlés. Nullement effarouchés par l'assaut donné par la brigade antiémeutes, les manifestants auxquels se sont joints femmes, vieillards et enfants répliqueront par des jets de pierres qui tiendront à bonne distance les forces de l'ordre. Une source policière affirme sur place que deux agents de l'ordre atteints par les projectiles ont été évacués vers l'hôpital de la ville. La circulation routière sur ce tronçon desservant la localité de Grarem est restée bloquée pendant plus de 4 heures. Il aura fallu toute la sagesse du chef de la sûreté de wilaya et une sacrée dose de sang-froid aux policiers pour qu'une ébauche de négociation soit dégagée entre les représentants de l'association de quartier et les responsables locaux. Il y a lieu de rappeler que l'APC, qui détient la propriété sur l'assiette foncière sur laquelle sont implantés les chalets acquis par les locataires, n'est nullement disposée à revenir sur son projet de démolition des 13 logements constituant la façade de la cité Dragados pour l'implantation de logements collectifs (LSP) ainsi que d'autres équipements publics. Solution rejetée globalement et dans le détail par les habitants qui exigent une régularisation parcellaire et se disent déterminés à arracher leur revendication au péril de leur vie. Nous apprenons de source sûre que la réunion qui s'est déroulée dans l'après-midi de cette même journée, à l'effet de trouver un terrain d'entente, a fait chou blanc. Les deux parties en litige ont campé sur leurs positions. Ce qui laisse augurer que ce terrible bras de fer est loin d'être désamorcé. S'achemine-t-on vers une autre opération coup-de- poing plus dissuasive ? Le pire reste à redouter.