Le kafkaïen feuilleton milévien mettant en vedette les 45 familles de la cité Dragados dans le rôle de farouches opposants à la perspective de démolition de leur cité, et l'APC de Mila - résolument tournée vers son projet de délocalisation des 13 chalets situés sur la façade de la base de vie longeant la route de Grarem Gouga, aux fins de réalisation de logements sociaux participatifs - n'a pas livré tous ses secrets. Dans un instinct grégaire et se sentant plus que jamais dans la ligne de mire des responsables locaux déterminés à « dégommer » les habitations ciblées et concrétiser vaille que vaille leur projet LSP, les habitants de la cité ont introduit une procédure en référé auprès de la chambre administrative de la cour de Constantine, à l'issue de laquelle ils viennent d'obtenir gain de cause. La teneur du jugement rendu (affaire 816/05) et dont une copie a été remise au journal, enjoint effectivement à la commune de surseoir à toute opération de démolition de la clôture. Réagissant aux propos « tendancieux » du P/APW qui a, en marge de la session de l'APW du 24 et 25 octobre, manifesté sa réprobation face aux « irrédentismes » affichés par les habitants de Dragados, au moment même où l'APC serait en possession d'actes de propriété légaux sur l'ensemble de l'assiette foncière de la cité, les locataires martèlent, par la voix de leur président d'association, qu'ils font de la régularisation parcellaire au cas par cas une exigence incontournable. Par ailleurs, en tout état de cause, ils défendront leurs acquis au péril de leur vie. Dans une réaction autrement plus épidermique, le président de l'association du quartier Dragados, rebaptisé « cité des Frères Boukazoula », œuvre d'un constructeur espagnol qui réalisa l'entreprise des céramiques ECVE (SOFEM présentement), Aiouaz Abdelkrim soutient que la décision de la communauté de recourir à l'autorité judiciaire compétente s'est présentée comme l'unique alternative face aux incertitudes et aux menaces qui se profilent assez nettement. D'autant plus, nous indiquera-t-il, que le sévère réquisitoire du wali à l'endroit des prédateurs du foncier, tout comme sa récente montée au créneau à ce même effet lors d'une émission de la radio Cirta FM, augure que la partie est loin d'être gagnée. Une perspective houleuse en conséquence qui n'est pas sans rappeler aux habitants qu'ils ont vécu une mémorable journée d'Intifada sur fond de relents de gaz lacrymogènes, par une certaine matinée torride de fin d'août 2005. Les requérants ont, à l'heure qu'il est, remporté une bataille, mais les vraies hostilités ne font que commencer. Affaire à suivre !