Le pacte économique et social, actuellement en préparation et dont la signature interviendra en principe au début du mois prochain, risque d'être rejeté par les syndicats autonomes. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) et le Conseil des lycées d'Alger (CLA) ont donné le ton. « Toute concession que fera l'UGTA à l'occasion de la signature du pacte économique et social ne sera pas acceptée, s'il ne répond pas aux aspirations des syndicats autonomes et si ses derniers ne sont pas associés au dialogue sur la question », a martelé, hier, Meziane Meriane, secrétaire général du CNAPEST, lors d'une conférence de presse animée au siège du SNPSP. Le CNAPEST vient, par cette déclaration, rejoindre la position de l'autre syndicat autonome de l'éducation, le CLA. Ce dernier, dans une déclaration rendue publique la semaine dernière, avait mis l'accent sur la nécessité d'augmenter les salaires des fonctionnaires. « Le pacte social sera vidé de son sens s'il n'y a pas d'augmentation des salaires », a souligné le CLA dans son communiqué. Pour sa part, Meziane Meriane estime que la convention que signeront les trois partenaires, l'UGTA, le gouvernement et le patronat, « sera caduque si les revendications socioprofessionnelles des fonctionnaires ne sont prises en considération ». Pour lui, il suffira de maîtriser l'évasion fiscale pour pouvoir augmenter le salaire de tous les fonctionnaires. « C'est la proposition du CNAPEST. Si on arrive à maîtriser l'évasion fiscale, on pourra augmenter le salaire de tous les fonctionnaires de la Fonction publique. Les 5000 DA arrachés suite à la protestation de 2003 ne signifient rien avec la baisse du pouvoir d'achat. Nous voulons une augmentation de salaire de base à 100% », a-t-il indiqué. Si pour le moment, aucune action de protestation n'est prévue, le porte-parole du CNAPEST n'exclut pas le recours à des actions communes avec d'autres organisations syndicales pour faire valoir les revendications des travailleurs. « Ils veulent parapher un pacte sur nos dos. Nous guettons pour connaître les résultats et il va y avoir une riposte syndicale », a-t-il précisé. Le CNAPEST et le Comité national pour les libertés syndicales préparent, selon Meziane Meriane, des actions pour défendre les droits des syndicats. Toutefois, ces actions n'interviendront pas avant le 29 septembre, date fixée pour la tenue du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation nationale. « Si nous organisons des actions de protestation en ce moment, nous serons taxés d'agitateurs politiques », a-t-il lancé. Ainsi, la rentrée scolaire prochaine aura lieu sans mouvement de grève, comme ce fut le cas depuis trois ans. Mais après le référendum, selon Meziane Meriane, cela va reprendre de plus belle et aucune concession ne sera faite sur les revendications primordiales, notamment le droit constitutionnel, l'exercice libre du syndicalisme. Dans la foulée, le premier responsable du CNAPEST est revenu sur le discours du président de la République prononcé à l'occasion du 24 Février. Le chef de l'Etat avait, rappelons-le, déclaré qu'il ne reconnaissait que l'UGTA comme unique syndicat. « La déclaration du président de la République était conjoncturelle. Elle cadre avec les concessions faites par l'UGTA sur la loi concernant les hydrocarbures. La multisyndicalisme est un droit consacré par la Constitution », a-t-il renchéri. Le tremplin du nationalisme brandi à chaque reprise n'est plus, selon l'orateur, d'actualité. « Les enseignants aspirent à une véritable paix et à un exercice syndical libre », a-t-il enchaîné.