C'était le jeudi 7 avril dernier, par une douce et splendide journée printanière. J'étais à Paris depuis une semaine, et j'avais rendez-vous à 11 h avec une légende vivante du 7e art, le monument du cinéma français, Jean-Paul Belmondo avec lequel j'entretenais une relation d'amitié depuis une vingtaine d'années. Cette rencontre revêtait toutefois un caractère particulier, car cela faisait treize ans qu'on ne s'était pas vus, bien que nos échanges de courrier ne se soient jamais interrompus. Mon émotion était de ce fait grande, lorsque je me suis présenté devant l'hôtel particulier de l'acteur situé dans un des quartiers les plus huppés de la capitale française, Saint-Germain-des-Prés. Elle était encore plus grande quand je fus introduit quelques minutes plus tard dans le grand salon où Jean-Paul m'attendait debout avec son large sourire habituel qui irradiait un visage certes encore marqué par la longue et pénible épreuve de santé qu'il venait de traverser. Ce fut près d'une heure de bonheur que j'ai passé en compagnie de cette immense star qui affichait, malgré le handicap physique qu'elle traînait - séquelle de son AVC -, beaucoup de force, de courage et de dignité. Au milieu du magnifique salon entièrement décoré par les œuvres de son père, le sculpteur Paul Belmondo, la discussion a tourné autour de plusieurs sujets. D'abord son état de santé, qui s'améliore progressivement, ensuite le retour de la paix en Algérie, pays qu'il aime beaucoup (son père est né à Bab El Oued en 1897) et qu'il souhaite visiter après 40 ans d'absence, les œuvres de son père qui se trouvent au musée d'Alger et qu'il aimerait tant voir de visu, la cession récente de son théâtre, le projet de série qu'il compte tourner pour TF1 et la situation du cinéma en Algérie. On a bien entendu évoqué mon livre Fondu au noir, consacré à l'histoire du cinéma pour lequel il m'avait adressé l'an dernier une très belle préface, car il l'avait trouvé particulièrement remarquable. Pour le remercier de ce geste et lui témoigner ma gratitude, je lui ai offert quelques cadeaux traditionnels qu'il a beaucoup appréciés. Il a été très ému lorsque je lui ai également remis une gourmette en or que ma femme avait achetée pour sa fille de deux ans, Stella. Il a été jusqu'à me ramener l'adorable bébé que j'ai couvert de gros bisous. Ce fut un moment très émouvant ! J'ai pris congé aux environs de midi avec une pointe d'émotion. Jean-Paul m'ayant accompagné jusqu'au hall en me remerciant vivement de la visite tout en me réitérant son vœu de venir en Algérie où il compte des milliers d'admirateurs. En m'accordant le rare privilège de me recevoir chez lui, en dépit de son état de santé encore fragile, Bébel m'a, une fois de plus, donné la preuve de son sens légendaire de l'amitié. C'est, en effet, une immense joie d'avoir eu à partager, en toute simplicité et amitié, un moment d'intimité avec une grande star et un grand monsieur plein de gentillesse, de modestie et d'humilité !