L'été est, par définition, la saison des fêtes du mariage et de la circoncision. La chute drastique du pouvoir d'achat n'a pas dissuadé de nombreux Sétifiens, qui se sont endettés jusqu'au cou, afin d'honorer un enfant chéri comme l'ont fait avec fastes les voisins. La méthode de pratiquer le rituel d'Abraham est du côté de Aïn El Fouara sujette à une controverse. La circoncision au thermocutter ne fait plus l'unanimité. Des praticiens hospitalo-universitaires grincent, à cet effet, les dents : « La circoncision traditionnelle doit cesser. Cet acte a généré de nombreuses hémorragies et la sténose du m'at. Nos maîtres tels les professeurs, Abou El Oula, Bekkat, Ladjadj et d'autres ont, de tout temps proscrit cette pratique. La circoncision au fluothane est meilleure et ne traumatise pas l'enfant : cette technique réduit considérablement les maladies sexuellement transmissibles (MST) et un certain nombre de cancers notamment celui du col chez la femme. Cette technique permet en outre de dépister les anomalies des organes génitaux externes. Il n'est de ce fait pas rare qu'on sursoit à l'opération, avec bien entendu le consentement des parents coopératifs », dit le Pr Zinedine Soualili, chirurgien à la clinique de chirurgie infantile du CHU de Sétif. Notre interlocuteur est résolument contre la circoncision collective, pratiquée à l'occasion de certaines dates d'anniversaires. Le Dr Khalfi, ex-maître assistant, n'est quant à lui pas de cet avis : « Le risque d'accident est mineur car l'asepsie est meilleure. La circoncision traditionnelle fait, qu'on le veuille ou non, partie de nos coutumes. Nous devons perpétuer la tradition. En plus, la circoncision au bloc est onéreuse. Dans certaines cliniques privées, les parents qui n'ont pas tous les moyens doivent débourser entre 5000 et 6000 DA. Pour bannir cette pratique ancestrale, on doit avoir les moyens de sa politique... » Par aillerus, le professeur Soualili reste perplexe devant le paradoxe cultivé par la méthode du thermocutter « Alors que son enfant crie sa douleur, la maman ne trouvant pas mieux que de pousser des youyous... », conclut le déboussolé toubib appuyé par des parents qui estiment que la santé de leur progéniture n'a pas de prix.