Pour l'examen du baccalauréat, épreuve la plus importante de tout le cursus scolaire, le ministère de l'Education nationale a mobilisé les grands moyens. Le bac 2008 sera très « particulier », a estimé hier le ministre de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, lors d'une réunion avec les directeurs de l'éducation des 48 wilayas. La réforme scolaire menée par M. Benbouzid est mise à l'épreuve cette année puisque les candidats au baccalauréat seront évalués sur la base des nouveaux programmes scolaires. Il y aura ainsi deux examens du baccalauréat en parallèle. L'un pour les candidats malheureux de l'année dernière (325 809 candidats), l'autre pour les candidats du nouveau système (273 893 élèves). La particularité du bac 2008 tient également du fait que des mesures inédites ont été mises en place pour éviter la triche et, dixit M. Benbouzid, « préserver la crédibilité des examens algériens ». « Nous sommes là pour que nos enfants apprennent à compter sur eux-mêmes », a-t-il souligné. Au menu des nouveautés de ce bac 2008 figurent notamment la création de commissions de suivi au niveau de chaque wilaya, l'augmentation des indemnités des surveillants ainsi que la mise en place de dispositions coercitives contre les personnes qui « ne font pas leur travail correctement ». Les personnels mobilisés auront ainsi droit au repas ainsi qu'à une augmentation de leurs indemnités de l'ordre de 400%. Les chefs de centre de correction ainsi que leurs adjoints et les observateurs verront, quant à eux, leurs primes augmenter de 250%. Les personnels administratifs bénéficieront d'augmentations qui oscillent entre 30 et 100%. Vu que l'année scolaire a été perturbée par les nombreuses grèves des enseignants et celles des élèves – qui contestaient les nouveaux programmes, trop chargés à leur goût –, le ministre de l'Education a tenu à préciser que « les sujets d'examen ont été élaborés en fonction des leçons qui ont été étudiées en classe ». « Les inspecteurs travaillent d'arrache-pied pour déterminer avec exactitude les sujets qui peuvent faire l'objet des examens. En général, 80% des programmes ont été assurés », dit-il. Pour ce bac 2008, l'Office national des examens et concours (Onec) a préparé pas moins de 228 sujets de l'ancien programme et 72 sujets pour le nouveau programme. Au total, cela fait quelque 2 millions de pages à publier. Les inspecteurs qui ont élaboré les sujets des examens du bac, indique-t-on, devraient être « isolés du monde » pendant une période de 40 jours. Dans la mesure où les candidats auront deux sujets au choix dans chaque épreuve, ils bénéficieront d'une demi-heure supplémentaire pour leur permettre de choisir le sujet qui leur convient. Le ministre de l'Education nationale a annoncé la création d'une commission d'observateurs au niveau de chaque wilaya. Ces commissions composées de trois membres pour le bac, deux pour le BEF et un seul pour la sixième veilleront au bon déroulement des examens. En cas de problème, elles pourront s'adresser à l'Onec, au wali, aux services de sécurité ou directement au ministre de l'Education. Le directeur de l'Onec, M. Salhi, a affirmé hier que les frais des candidats ont rapporté à l'Onec 197 milliards de centimes. « Alors que les candidats au baccalauréat payent 1500 DA pour pouvoir passer l'examen, chaque candidat nous coûte 3000 DA », soulignera-t-il aussitôt. L'Etat débourse plus de 2.5 milliards de dinars pour les examens de fin d'année. En tout et pour tout, pas moins de 430 milliards de centimes sont mobilisés pour l'organisation des examens scolaires. « Record inédit » Au total, plus de 2,5 millions d'élèves se présenteront cette année aux examens des trois cycles du système éducatif national : 599 702 au baccalauréat, 578 937 au certificat d'enseignement moyen et 1 322 599 pour l'examen de fin d'études primaires, avec un budget alloué de près de 4 milliards de dinars. Plus de 1,3 million d'élèves passeront cette année l'examen de fin de l'enseignement primaire, un chiffre « absolument inédit » dans l'histoire de l'Algérie, a indiqué samedi M. Benbouzid, ministre de l'Education nationale, à l'ouverture d'une conférence nationale des directeurs d'éducation, à Alger. Ils n'étaient que 740 383 l'année dernière, a-t-il dit. Cette augmentation de près de 80% est induite par la transition faite cette année entre l'ancien système du primaire, qui comptait six années d'études, et le nouveau qui dure cinq ans seulement. M. Benbouzid reste globalement satisfait de son bilan. « L'Algérie figure parmi les six pays africains qui répondent aux critères du millénaire, selon la Banque mondiale et l'Unesco », s'est-il félicité. Le ministre de l'Education n'a néanmoins pas souhaité faire des pronostics sur le taux de réussite au bac. Il s'est contenté d'affirmer : « Chaque année, je travaille à améliorer les résultats, mais je suis dans l'incapacité de faire des prévisions ».