Le dossier du préfabriqué, construit au lendemain du tremblement de terre du 10 octobre 1980, continue d'alimenter les discussions, notamment à Chlef et à Chettia où ce type de constructions représente le plus gros du patrimoine de l'habitat. Les occupants, au nombre de 18 000 familles, attendaient beaucoup de la visite d'inspection et de travail effectuée, jeudi dernier, dans la région, par le président de la république. Ils espéraient voir ce dernier annoncer des mesures allant dans le sens souhaité, à savoir l'octroi d'aides financières pour la réhabilitation ou le remplacement de leurs logements dont l'état est jugé catastrophique. Néanmoins, après avoir pris connaissance des mesures prises dans ce sens, Bouteflika a conforté la décision gouvernementale portant sur la construction de 6 000 logements sociaux, destinés au relogement des locataires seulement. L'Etat juge, selon des officiels, qu'il est de son devoir de prendre en charge uniquement les biens gérés par l'OPGI. Les autres habitations dont le nombre s'élève à 12 000, ne sont pas concernées, dit-on, par cette option car « elles appartiennent à des propriétaires ayant procédé à des aménagements et de nouvelles constructions ». Ceux-ci, si l'on suit le raisonnement des décideurs, n'auraient pas dû acquérir leurs logements dans le cadre de la cession des biens de l'état ou procéder à une quelconque opération de sauvegarde de leurs baraques. Signalons que ce patrimoine avait été cédé, à l'époque, entre quatre et six millions de centimes l'unité, compte tenu de son caractère provisoire et de la qualité de sinistrés des bénéficiaires. Les locataires avaient, eux aussi, demandé à prendre possession de leurs biens selon la même formule, mais leurs dossiers sont restés bloqués au niveau des commissions concernées, suite au gel de l'opération par les autorités centrales. A l'instar des propriétaires, ils refusent de quitter les lieux pour une question d'espace et d'éclatement de la famille. Et la réalisation des 6 000 logements pour leur recasement ? « Cela ne nous concerne pas. Ce que nous voulons, c'est une aide de l'Etat pour réhabiliter et retaper nos demeures que nous occupons depuis 25 ans » indiquent-ils unanimement. C'est la position adoptée, en effet, par l'ensemble des Chélifiens, que ce soit au chef-lieu de wilaya ou dans la commune voisine de Chettia. Les pouvoirs publics, eux, ne sont pas du même avis et tentent de régler ce problème épineux (éradication progressive du préfabriqué) par la reconstruction de villes nouvelles autour des chefs-lieux des communes concernés, au profit d'une partie de la population touchée. L'opération a déjà fait l'objet de choix de terrains et de la mise en place de la commission technique de suivi.