Le quatrième anniversaire des attentats anti-américains du 11 septembre 2001 sera marqué cette année par deux guerres, une catastrophe naturelle, mais surtout, et très probablement, les déclarations de l'ancien secrétaire d'Etat américain qui a tout simplement mis les pieds dans le plat en apportant sa part de vérité dans la guerre contre l'Irak. M. Colin Powell a admis effectivement que sa présentation en 2003 devant l'Onu sur les armes de destruction massive (ADM), prétendument détenues par l'Irak, était une « tache » sur sa réputation. « C'est une tache parce que je suis celui qui a fait cette présentation au nom des Etats-Unis devant le monde, et cela fera toujours partie de mon bilan », a-t-il dit sur la chaîne de télévision ABC. Le général à la retraite, qui fut le ministre des Affaires étrangères du président George W. Bush de 2001 à début 2005, a affirmé que le souvenir de cet épisode était pour lui « douloureux ». M. Powell avait fait le 5 février 2003, devant le Conseil de sécurité de l'Onu, une longue présentation du dossier à charge des Etats-Unis concernant les ADM supposées du régime de Saddam Hussein. Ces arguments ont servi à justifier l'invasion du pays quelques semaines plus tard, mais aucune de ces armes n'a été retrouvée. M. Powell se déclare aussi « consterné » par le fait que certains responsables des services de renseignements américains - dont il n'a pas donné les noms - aient, selon lui, su que certaines sources utilisées n'étaient pas fiables. Il a toutefois exonéré le chef de la CIA à l'époque, George Tenet « qui pensait que ce qu'il me donnait était exact ». Mais « il y avait certaines personnes au sein de la communauté du renseignement qui savaient à l'époque que ces sources n'étaient pas bonnes, et qui n'ont rien dit. Cela me consterne », a-t-il dit. M. Powell a également dit « ne pas avoir vu » de connexion entre les attentats anti-américains du 11 septembre 2001 et le régime de Baghdad. « Je n'ai jamais vu de preuve » qu'il y ait un lien, a-t-il dit. A l'occasion de cet anniversaire, on retiendra aussi que le président américain, George W. Bush, a indiqué jeudi qu'il maintenait pour un an l'état d'urgence nationale décrété après les attentats du 11 septembre 2001. Cette formalité, qui permet à l'administration fédérale de disposer de certains pouvoirs d'exception, est justifiée « car la menace terroriste est toujours présente », quatre ans après les attentats de New York et Washington, a écrit le Président. Et à en croire le discours américain, sévèrement contesté il est vrai, la menace est partout, même voire surtout en Irak où la guerre prend chaque jour de nouvelles et inquiétantes proportions, comme la menace de disparition de ce pays dans sa configuration géographique, ethnique et politique comme l'atteste le débat sur la Constitution. Il reste que les sondages qui ne font pas de leader ni de politique sont invariablement les mêmes depuis quelques mois. Très majoritairement, les Américains s'interrogent sur leur situation actuelle, laissant entendre qu'ils manquent de lisibilité, et le cyclone Katrina n'en est que le facteur aggravant. Quant à l'Afghanistan, elle assiste impuissante à la poursuite de la guerre déclenchée au lendemain des attentats du 11 septembre, avec la chute du régime des talibans dès le 7 novembre 2001. Mais paradoxalement, les talibans font des réapparitions remarquées, tandis que le réseau Al Qaîda demeure présent.