Microsoft ne pouvait par rêver meilleure publicité. Munich, ville laboratoire de l'adoption à grande échelle de l'Open Source, retarde son passage aux logiciels libres, selon L'Expansion. Annoncée en grande pompe il y a trois ans et prévue pour 2005, la migration n'interviendra que dans le courant 2006, a reconnu lundi dernier Peter Hofman, responsable du projet LiMux. Explication : la municipalité a besoin de temps. « Il s'avère que la conduite d'une phase pilote est plus importante que prévu et devra se prolonger plus longtemps », explique-t-il. En clair, Munich peaufine ses outils pour une transition en douceur qui ne risquera pas d'effrayer ses employés et de nuire à la productivité. « Certains redoutent que plus rien ne fonctionne », poursuit le responsable. La ville a donc décidé de calmer le jeu. Initialement, la feuille de route prévoyait une transition directe des 14 000 postes des administrations de la ville, migrés de Windows NT 4.0 vers Linux et de Microsoft Office vers OpenOffice.org. Désormais, on évoque des solutions mixtes, moins anxiogènes, où certains pourraient simplement passer à OpenOffice sous Windows. En outre, chaque division recevra des ordinateurs pilotes, c'est-à-dire équipés de logiciels libres, avant de faire le grand saut. Et pour faire bonne figure, la transition débutera par les services du maire. La difficulté et le coût de la formation figurent donc parmi les principaux handicaps de ce passage à Linux. Dans un rapport commandé par la ville, Unilog l'avait évalué entre 17 et 26 millions d'euros, selon les configurations retenues. A Paris, une évaluation similaire délivrée en 2004, faisant état d'une vingtaine de millions d'euros pour accompagner les utilisateurs, a refroidi les élus, selon L'Expansion. Résultat, la ville, qui avait remis en cause en 2003 son parc de logiciels totalement propriétaire, n'a guère avancé sur le dossier en 2005, sinon pour lancer un appel d'offres de formation à OpenOffice et à Microsoft Office, alors que 50% des serveurs doivent être transférés à la fin de l'année. Ces couacs ne suffisent toutefois pas à ralentir le mouvement de basculement vers le libre. Après l'annonce de la conversion de Vienne en juillet, c'est l'Etat du Massachussetts qui a vivement secoué Microsoft la semaine dernière. L'un des Etats les plus peuplés des Etats-Unis ne veut pas entendre parler du futur format de fichier propriétaire qui sera introduit par Microsoft Office 12, et imposera dès 2007 des formats ouverts, comme l'OpenDocument et le PDF. Pas de quoi ébranler Microsoft, qui a confirmé qu'il n'entendait pas supporter l'OpenDocument, format inférieur incompatible avec les anciennes versions d'Office et avec les données multimédia.