Les espoirs des employés de la Fonction publique se sont dissipés. Il n'y aura pas d'augmentation du salaire national minimum garanti (SNMG). Du moins dans l'immédiat. C'est ce qu'a affirmé Djamel Kharchi, directeur général de la Fonction publique en marge du séminaire sur la Fonction publique organisé, hier, à l'hôtel El Aurassi. « Pour le moment, l'Etat ne peut pas augmenter le SNMG », a-t-il déclaré. Les déclarations de Djamel Kharchi viennent contre toute attente des agents de la Fonction publique qui s'attendent à une abrogation de l'article 87 bis à l'occasion de la signature, prochainement, du pacte économique et social. Selon l'orateur, le gouvernement a demandé à la direction générale de la Fonction publique d'élaborer un rapport financier et d'étudier les conséquences économiques qu'engendrera la révision dudit article sur le budget de l'Etat. « Actuellement, nous avons 1,5 million de fonctionnaires. Leur masse salariale est de l'ordre de 611 milliards de dinars. S'il y aura une augmentation de 1%, cela coûtera au budget de l'Etat une enveloppe supplémentaire de 6 milliards de dinars. On ne pourra pas augmenter le SNMG actuellement », a-t-il lancé. Il est à rappeler que lors de la dernière tripartite, gouvernement-UGTA-patronat, on avait estimé l'impact global de la révision de l'article 87 bis sur le budget de l'Etat et celui des entreprises à 540 milliards de dinars. Une somme que doit assumer l'Etat à hauteur de 500 milliards de dinars et les 40 milliards restants seront versés par les entreprises. Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a reconnu, à l'issue de la rencontre tripartite de mars 2005, que « l'article en question véhicule une injustice à réparer afin d'améliorer la situation socioprofessionnelle des travailleurs, mais sa révision doit être étudiée minutieusement ». Les organisations patronales ont abondé dans le même sens. L'information d'hier devra faire réagir la centrale syndicale qui, à l'occasion de la minitripartite tenue en juin dernier, a déclaré, par la voix de son secrétaire général, Abdelmadjid Sidi-Saïd, être confiante quant à la satisfaction de sa vieille revendication, en l'occurrence la révision de l'article 87 bis de la loi 90-11 relative au SNMG. Un groupe de travail a été même mis en place pour examiner les possibilités de la révision de cet article. Le 87 bis, rappelons-le, a empêché les fonctionnaires de bénéficier de la dernière augmentation du SNMG, d'autant plus que les indemnités et les primes sont incluses dans la comptabilité de ce dernier. Serait-ce un autre échec pour l'UGTA ? La réponse sera sans nul doute donnée par son secrétaire général à l'occasion de la signature du pacte économique et social qui devrait intervenir au début du mois prochain. Pas de nouveau pour les contractuels L'autre dossier sur lequel est focalisée la lutte de la centrale syndicale est celui relatif au statut général de la Fonction publique. Selon Djamel Kharchi, le nouveau statut de la Fonction publique est fin prêt. Il est sur le bureau de la chefferie du gouvernement. « Le nouveau statut général de la Fonction publique a été remis au secrétariat de la chefferie du gouvernement, il y a longtemps. Mais on ne sait pas pourquoi on a retardé sa programmation au Conseil des ministres », a-t-il renchéri. Interrogé par les journalistes sur le problème inhérent à la contractualisation, l'interlocuteur dira que les contractuels doivent passer par des concours pour accéder à la permanisation. Ces derniers doivent prendre leur mal en patience. « Aux contractuels du secteur public nous organisons des concours pour les permaniser. Ils n'ont qu'à passer ces concours », a-t-il rétorqué. Une façon pour lui de dire tant pis pour celui qui n'aura pas la chance d'avoir son concours. En comparaison avec le pays voisin, la Tunisie, l'Algérie cumule un retard énorme en matière d'organisation de la Fonction publique. Dans une communication intitulée « Le dispositif législatif et réglementaire de la gestion des ressources humaines en Tunisie », M. Triki, directeur des statuts particuliers et de la rémunération (Tunis), avance des chiffres très importants. Selon lui, la Tunisie, qui compte 420 000 employés dans le secteur public, a vu le salaire minimum augmenter six fois depuis 1982, soit une revalorisation chaque 3 ans. Ce pays, indique-t-il, a 8 statuts généraux de la Fonction publique d'où découlent 125 statuts particuliers. « Malgré cela, le syndicat national tunisien prépare une nouvelle plate- forme du statut général de la Fonction publique », a-t-il souligné.