Samuel Porsia revient sur les relations économiques entre l'Algérie et l'Italie, les initiatives prises pour donner un nouveau souffle à la coopération et l'investissement en Algérie. Votre institut a prévu pour les mois prochains d'importantes manifestations économiques qui seront organisées en Italie. Les opérateurs algériens y sont conviés. Quelle est l'importance de ces manifestations ? Cette année est caractérisée par la bonne nouvelle, à savoir l'entrée en vigueur de l'accord d'association entre l'Algérie et l'UE. Je pense que les relations commerciales entre les deux pays vont être développées à travers ces manifestations. Nous avons privilégié, pour les deux premiers mois (septembre et octobre), des missions d'opérateurs algériens en Italie. Au début du mois de septembre, il y a eu la première mission à la foire internationale de l'agriculture de Bari (Agrilevante), où s'est tenue une réunion du groupe de travail de l'agriculture issue de la commission mixte avec le président de la Chambre nationale italienne de l'agriculture. Il y aura, le 27 septembre, ce Workshop important dédié à la promotion de la plateforme logistique et portuaire, Venezia-Friuli-Giulia à Trieste, où est invité le premier responsable du port de Jijel. Le but de cette manifestation est de développer le trafic maritime entre ce port et les ports d'Algérie. Il y a également un événement qui aura lieu en Algérie, le 28 septembre qui est le Workshop sur le traitement et le dessalement des eaux. Il sera organisé par l'ambassade d'Italie en Algérie en collaboration avec le ministère des Ressources en eau. En plus des trois importantes sociétés italiennes déjà installées en Algérie, en l'occurrence Astaldi, Bentini et Societa italiano per condotte d'Acqua, des entreprises italiennes spécialisées en la matière seront présentes. A côté des entreprises algériennes, ces sociétés présenteront leurs programmes d'investissement. Le gouvernement algérien, dans le cadre du programme complémentaire de soutien à la relance économique, a accordé un intérêt considérable au dessalement d'eau, au bâtiment et aux travaux publics... Quels sont les secteurs qui intéressent le plus les opérateurs italiens et est-ce qu'il y a des entreprises qui veulent investir en Algérie ? Pour ce qui est du domaine de l'eau, il y a déjà trois sociétés qui y sont installées et d'autres sociétés encore veulent investir dans ce secteur. Nous espérons que la rencontre du 28 septembre débouchera sur des partenariats avec des entreprises algériennes. Pour le bâtiment, la présence de la délégation algérienne au Salon international du bâtiment de Bologne, du 12 au 16 octobre prochain, sera la plus importante de tous les pays de la Méditerranée. Au moins 30 opérateurs algériens y prendront part. C'est un salon dédié aux industries du béton. Les possibilités du partenariat et les nouvelles technologies de construction seront au centre des discussions entre les opérateurs. A l'occasion de ce salon, j'espère qu'il y aura des accords sur le transfert des technologies et le partenariat. Je veux mettre l'accent également sur une autre foire qui se tiendra à Bologne, du 25 au 28 octobre. C'est le Salon international des machines et des technologies pour l'industrie de la tannerie. Dans ce domaine, l'Italie a besoin de l'expérience algérienne pour développer son industrie. Il y aura d'autres initiatives qui permettront aux opérateurs des deux pays de se rencontrer et d'avoir des accords du partenariat. Je crois que l'image de l'Algérie s'est considérablement améliorée et que les opérateurs et responsables italiens ont compris qu'il y a d'importantes avancées dans ce pays. Revenons sur l'événement qu'accueillera la ville de Trieste. Que représente ce port pour le développement des échanges commerciaux entre les pays de la Méditerranée ? C'est le port le plus important de l'Adriatique. Il sert tous les pays de l'Est. C'est la porte d'entrée de toute l'Europe de l'Est. Il vient d'être renouvelé. On parle de plateforme logistique intégrée, dont des beaux ports, un système d'acheminement des marchandises et une voie directe vers les pays de l'Est. Il est important aussi pour le transport maritime dans tous les pays du bassin méditerranéen. Trieste peut devenir le port d'acheminement de toutes les marchandises émanant de l'Afrique du Nord et du bassin méditerranéen. C'est le défi essentiel. Pour l'avenir, nous espérons avoir un jumelage entre le port de Trieste et l'un des ports algériens. Les relations algéro-italiennes, notamment sur le plan économique, connaissent un nouvel élan. Qu'en est-il des échanges commerciaux entre les deux pays ? Pour ce qui est des échanges, je pourrais déjà vous dire qu'il y a une donnée importante pour le premier semestre 2005. L'Italie a augmenté ses exportations vers l'Algérie de 13%, soit 600 millions d'euros. Elle se classe en deuxième place, après la France. Les échanges sont importants, mais le potentiel de l'Algérie est plus important. Parmi les pays du Maghreb, on est en 4e position. L'Algérie peut passer en première place. Pour cette année, nous voulons atteindre 1,2 milliard d'euros en matière d'échanges et développer encore plus ce volet l'année prochaine. Quant aux exportations algériennes vers l'Italie durant la même période, elles ont été augmentées beaucoup plus. Cela est le fait de la flambée des prix du pétrole. Elles ont augmenté de 25%. Le partenariat entre l'Algérie et l'Italie pourrait se concrétiser également dans le domaine de la PME-PMI. L'Italie est fort dans ce secteur. Il y a, actuellement, environ 80 entreprises italiennes qui activent en Algérie et nous espérons, pour l'avenir, voir d'autres entreprises investir dans le pays. On va faire en sorte à ce qu'il y ait des partenariats entre les opérateurs des deux pays, notamment dans l'agriculture. Les investissements vont venir, mais il faut un peu de patience. Justement, les opérateurs étrangers affichent une certaine réticence à l'égard de l'investissement en Algérie. Selon vous, pourquoi ? A mon avis, la raison essentielle est liée à l'aspect sécuritaire. L'image qu'offrait l'Algérie durant la décennie passée n'encourage pas la venue des investisseurs. Mais aujourd'hui, cette image est en train de changer. C'est un blocage psychologique et je pense qu'il sera dépassé prochainement. Les opérateurs et les organisations syndicales algériens affichent une crainte par rapport à l'entrée en vigueur de l'accord d'association. Qu'en pensez-vous ? J'invite les opérateurs algériens à prendre cet accord comme une opportunité. Les voisins de l'Algérie sont déjà passés par un accord de ce genre et tout a bien marché chez eux. L'accord d'association avec l'UE est très bien réglementé.