Il va y avoir des émeutes, des troubles ? » De nombreux citoyens nous ont posé cette question, hier, après avoir lu les affiches appelant à la grève générale pour aujourd'hui et placardées par les archs un peu partout dans la vieille de Tizi Ouzou. Les souvenirs des journées électorales sanglantes sont encore vivaces dans les mémoires. Ce qui suscite inquiétudes et appréhensions. Avant que les archs ne réagissent, les citoyens semblaient indifférents par rapport au référendum sur la charte du Président. Il faut dire aussi qu'en dehors des affiches du MDS appelant au rejet de la charte, les murs de la ville des Genêts étaient vides. De nature indifférents à toutes les démarches du pouvoir, les électeurs en Kabylie ont été encore une fois déçus par un Président qui prône la paix et la réconciliation, mais qui n'a pas trouvé les mots justes et les gestes nécessaires pour se réconcilier avec une région frondeuse. Sa sortie perturbée à Tizi Ouzou et les propos tenus à Constantine ne sont pas de nature à lui attirer des sympathies. La Kabylie d'aujourd'hui n'est plus comme avant. Aujourd'hui, l'influence des partis traditionnels (FFS et RCD) et du mouvement des archs ne peut plus être quantifiée. Etant une région à forte abstention, les urnes risquent d'être boudées par une bonne partie de l'électorat pour diverses raisons. D'abord le contenu de la charte que propose le Président est loin de répondre aux attentes des citoyens, qui y voient « un subterfuge de Bouteflika pour pérenniser son règne », comme le dit un sexagénaire rencontré dans une librairie à Tizi Ouzou. Il y a ensuite tous ceux qui suivront les consignes et les appels au boycott des partis politiques à ancrage local, par conviction partisane ou par proximité. En appelant à la grève générale sans donner de consigne claire par rapport au référendum, les archs ont rajouté à la confusion générale. De nombreux observateurs estiment que les archs dialoguistes ne savent plus sur quel pied danser. Les propos de Bouteflika à Constantine ont eu l'effet d'une douche froide sur les principaux animateurs du mouvement, qui n'ont jamais caché leur satisfaction quant aux résultats de leurs négociations avec le chef du gouvernement, qualifié souvent de partenaire et non plus d'adversaire. Après avoir adopté une position de neutralité en laissant libre choix aux citoyens de voter ou non, l'appel à la grève sème le doute dans l'esprit de nombreux citoyens. Sachant pertinemment que le jour du vote aucune administration, en dehors des services chargés de l'organisation de l'opération électorale, ne fonctionne, la grève générale à laquelle ont appelé les archs (toutes tendances confondues) ne sera suivie que par les commerçants, et encore, c'est pas vraiment sûr.