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Ni vote ni émeute
Grève et boycottage à Tizi Ouzou
Publié dans Liberté le 01 - 10 - 2005

À la place des Genêts où tant de fois il avait montré ses crocs face à de jeunes manifestants en furie, “moustache”, le blindé anti-émeutes, n'a fait qu'agiter l'ombre de souvenirs lointains.
“Si le taux de participation a atteint 10% à Tizi Ouzou, la fraude sera incontestable”, a averti Rabah Brahimi, secrétaire fédéral du FFS. En dévoilant hier matin les chiffres du référendum, le ministre de l'Intérieur, loin de confirmer ses soupçons, a considéré avec aplomb, que le score obtenu (11,52%) aurait pu être plus grand si les électeurs n'avaient pas été empêchés d'aller voter. Par qui ? Hormis un village, Aït Bouaâda, du côté d'Azazga, où les habitants ont refusé de recevoir les urnes, les 1 177 bureaux de vote implantés dans les 60 communes sont restés ouverts toute la journée pour accueillir un peu plus de 552 498 électeurs. Ô combien ce jeudi était long, interminable pour les employés de l'administration et des agents de l'ordre postés dans les centres déserts.
En l'absence de la foule d'électeurs, leur nombre semblait démultiplié. Ce n'était pas tant pour parer à un raz-de-marée improbable que des renforts de policiers ont été dépêchés d'autres wilayas, mais pour contenir d'éventuels assauts de brûleurs d'urnes. L'appel au boycott du scrutin des archs a mis les services du ministère de l'Intérieur en alerte. Mercredi soir, un convoi impressionnant de CNS entrait dans la caserne de Naciria. Faute de place, des tentes ont été érigées pour accueillir les troupes. Même le fameux “moustache”, un blindé anti-émeutes a fait partie du voyage.
Néanmoins, comme les CNS, leurs boucliers et leurs grenades lacrymogènes, il n'a servi à rien. Ce matin de vote, à la place des Genêts où tant de fois il avait montré ses crocs face à de jeunes manifestants en furie, “moustache” agite l'ombre de souvenirs lointains. Si à Béjaïa, des irréductibles ont tenté de ressusciter le passé par des émeutes éparses, à Tizi, la flamme est entretenue sans ardeur mais avec persévérance. “Bouteflika B…, Zerhouni pitoyable”, a écrit une main anonyme sur un des murs faisant face au quartier mythique.
Le graffiti a fait jour en même temps que les affiches de Abrika et de ses compagnons appelant à la grève générale. “Elle n'a pas été suivie”, a asséné le ministère de l'Intérieur. A-t-il encore été mal informé ? Mercredi, les commerçants de Tizi Ouzou avaient pourtant annoncé la couleur. “Je ferai comme tout le monde”, avisait celui-ci ou celui-là. Le lendemain, à l'heure du laitier, quelques boulangeries, des cafés et des buralistes uniquement ont ouvert boutique. Ayant vite écoulé leurs produits, ils ont rejoint la masse des grévistes. À 12h, Tizi Ouzou est décrétée ville morte. Aguerris, les villageois ont renoncé à descendre de leur montagne.
Dans la gare de minibus implantée à la sortie de l'agglomération, des chauffeurs de cars en stationnement ronflent au volant. Il règne comme une ambiance de détente dans la ville. “On dirait l'Aïd”, note un père de famille. Avec femme et enfants, il se rend chez des proches. “Voter, moi non, à quoi ça sert ?!” réplique-t-il nonchalant. Si ailleurs, sur ce flot de clichés que l'ENTV diffuse en boucle, le patriotisme tient dans un bulletin bleu, à Tizi Ouzou, il s'exprime à travers le rejet des initiatives politiques du pouvoir. Depuis longtemps déjà, les Kabyles se sont détournés de l'appel des urnes. Le chef du centre de vote pour femmes, à l'école primaire Laïmèche-Ali, sur les hauteurs de Tizi Ouzou, est confus. Une heure après l'ouverture des deux bureaux, seulement 5 électrices sur les 1 322 inscrites ont exprimé leur choix. “Les femmes votent plutôt l'après-midi”, justifie l'encadreur.
À 14h, le chiffre monte à 25 votantes, les scrutatrices comprises. “À Naciria, ce sont les repentis qui se sont rendus aux urnes”, relate consterné M. Farhi, secrétaire fédéral du MDS. Des militants du parti disséminés dans certaines localités ont été chargés de surveiller l'avancement de l'opération référendaire. “Je prête à ce pouvoir tous les coups fourrés”, soutient le responsable du parti. À son tour, il est persuadé que l'administration aura recours au gonflement des résultats. Car si le matraquage organisé autour de la charte n'a eu aucun effet sur les Kabyles, l'incursion du dossier amazigh dans la campagne et le refus de Abdelaziz Bouteflika de l'officialiser ont éveillé leurs rancœurs. “Sans tamazight, ulach smah, ulach”, signifient les archs dans un épigraphe. “Le combat continue”, reprend le FFS.
Ce jeudi, la section de Tizi Ouzou fête le 42e anniversaire de la création du parti. Aghuru de Maâtoub Lounès ouvre une marche de militants, se rendant à M'douha pour y déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des martyrs du FFS. Des policiers mobilisés autour de la section ont le regard impassible sur la procession qui s'ébranle silencieuse.
Leurs collègues de faction devant les centres de vote sont également placides. De temps à autre, ils sont arrachés à leur torpeur par l'arrivée de votants rares. “Je vote pour la paix”, répond vaguement un jeune à sa sortie de l'école Saliha-Oualiki. Il est le 45e sur une liste de 3 755 inscrits. À 13h passées, il ne faut guère s'attendre à un miracle. Face à la défection de la population locale, les autorités auraient importé des électeurs. Impossible à vérifier, cette rumeur fait le tour de la ville. “Quand même pas !” réfute le chef du centre de l'école des Genêts.
À contre-courant des allégations de fraude et de démobilisation, il avance pour sa part qu'il a dû refouler des électeurs soit parce qu'ils n'étaient pas munis de pièces d'identité, soit qu'ils n'étaient pas portés sur le fichier électoral. “À combien de votants êtes-vous maintenant ?” demandons-nous. “Vous pouvez mettre 100, 120”, avance approximativement notre hôte. À Azazga, dans le plus grand centre de la localité (2 600), la défection des électeurs n'est pas dissimulée. “Personnellement, je n'ai pas voté. Je ne peux pas me prononcer et pardonner à la place des familles victimes du terrorisme”, observe un encadreur. À côté de l'école, se trouve le siège communal du RCD. Arhab Mohand et ses camarades du parti finalisent les listes des candidats pour les prochaines élections partielles. Pour eux, le référendum est un non-événement tant ses desseins sont identifiés et son issue connue d'avance.
S. L.


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